La catastrophe survenue au Japon relance de plus belle le débat sur l'usage de l'énergie nucléaire dans plusieurs pays européens, qui sont contraints d'annoncer des mesures d'urgence pour rassurer leur population.

En France, où près de 75% de l'électricité est produite grâce à une vingtaine de centrales nucléaires, le gouvernement a annoncé hier en fin d'après-midi qu'il entendait «contrôler la sécurité» de toutes les installations existantes.

Plusieurs groupes écologistes demandent à l'État de rompre avec une technologie jugée trop dangereuse.

«Le parc nucléaire français a été construit en 10 ans à marche forcée. Ce qu'on a fait dans un sens, on peut le faire dans l'autre», souligne en entrevue Stéphane Lhomme, qui chapeaute l'Observatoire du nucléaire.

Le recours à l'énergie nucléaire, déplore le militant, avait été «décidé sans référendum et sans consultation de l'Assemblée nationale» dans les années 70 avant d'être «imposé» à une population réticente qui voit aujourd'hui ses craintes se confirmer avec la crise à Fukushima.

Le député européen Daniel Cohn-Bendit demande un vaste débat public sur le sujet suivi d'un référendum. «Il ne faut pas léguer aux générations futures un monde où on dépend du nucléaire civil, parce que le nucléaire n'est pas à 100% maîtrisable», dit-il.

La secrétaire nationale d'Europe-Écologie-Les Verts, Cécile Duflot, accuse pour sa part le gouvernement français de minimiser les risques pour la population.

Sarkozy inflexible

Le président Nicolas Sarkozy a déclaré lundi, devant des collaborateurs, qu'il n'était «évidemment pas question de sortir du nucléaire». La France, selon lui, a le parc de centrales nucléaires le plus «sécurisé» de la planète.

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, accuse de son côté les écologistes de se comporter de manière «indécente» en «saisissant cette opportunité» pour critiquer les orientations du gouvernement.

En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a annoncé un moratoire sur le prolongement de la durée de vie des installations nucléaires du pays et la fermeture temporaire de sept centrales. Elle a prévenu du même souffle qu'il n'était «pas encore» possible pour l'État de se priver de cette source d'énergie. La Suisse a annoncé un moratoire sur les nouvelles installations.

Enfin, l'Union européenne a fait savoir, à l'issue d'une réunion convoquée à Bruxelles, qu'elle entendait tester les 153 réacteurs du continent pour vérifier qu'ils peuvent résister à des séismes ou à d'autres situations d'urgence.