Le magnat des médias Rupert Murdoch, empêtré dans un scandale d'écoutes et de pots-de-vin, a reconnu, dans une lettre à un parlementaire rendue publique jeudi, avoir utilisé «les mauvais adjectifs» en qualifiant de «lamentable» l'attitude de la police dans cette affaire.

«J'accepte l'idée que j'ai utilisé les mauvais adjectifs pour exprimer ma frustration quant au déroulement de l'enquête de la police», a écrit le patron de presse âgé de 82 ans dans une lettre envoyée au président d'une commission parlementaire britannique et transmise aux médias.

Cette commission a annoncé le 10 juillet son intention de convoquer Rupert Murdoch pour l'interroger sur des propos tenus à des journalistes du Sun, son fleuron populaire au Royaume-Uni, secrètement enregistrés avant d'être divulgués début juillet.

Dans l'enregistrement, on pouvait entendre Rupert Murdoch estimer que son groupe avait commis «une erreur» en donnant quantité d'informations aux policiers chargés d'enquêter sur les centaines d'écoutes pratiquées par son titre phare londonien, le tabloïde dominical News of the World (NotW), et l'achat d'informations à des policiers et officiels.

«C'est lamentable. Voilà où l'on se retrouve, deux ans après, et les flics sont totalement incompétents» assurait-il notamment.

Le ton acerbe contrastait avec l'attitude «humble» et repentante affichée par M. Murdoch lors de sa première déposition devant les députés britanniques en 2011, au plus fort du scandale suscité par les agissements du NotW, sabordé depuis lors.

Dans sa lettre au président de la commission parlementaire, M. Murdoch justifie le fond de ses critiques notamment par la lenteur de la procédure qui dure depuis deux ans.

«Je n'ai pas de raisons de remettre en cause la compétence de la police et mes journaux et moi respectons le travail qu'elle fait quotidiennement pour protéger les gens», a-t-il écrit.

«Mais je me demande si, au cours des deux années, la police a enquêté sur ces questions avec un sens approprié des proportions et en tenant compte du coût humain qu'entrainait le retard» de l'enquête, ajoute-t-il.

«Je ne peux pas approuver l'idée que l'enquête a très bien "progressé" quand certains de nos employés ont été arrêtés au début des investigations en 2012 et qu'ils sont, ainsi que leurs familles, encore dans les limbes (de la procédure) à attendre des décisions sur leur inculpation», écrit-il encore.

«Mon opinion personnelle est que cela a duré trop longtemps», tranche-t-il.

Rupert Murdoch indique également dans la lettre que son groupe a transmis volontairement aux autorités «plus de 500 000 documents» qui ont nécessité «185 000 heures de travail pour un coût de plus de 65 millions de livres» (102 millions de dollars).