Le premier ministre britannique David Cameron a pressé mardi les dirigeants de journaux de mettre en place le nouvel organisme de surveillance préconisé par le rapport Leveson sur les dérives de la presse publié jeudi dernier.

«Je leur ai dit qu'ils devaient rapidement mettre au point un système de régulation sévère et indépendant et ce, en conformité absolue avec ce que préconise le rapport du juge Leveson», a déclaré David Cameron après avoir reçu au 10 Downing Street les rédacteurs en chef et dirigeants de journaux.

«Cela signifie infliger des amendes allant jusqu'à 1 million de livres, mener de véritables enquêtes à la suite de plaintes, présenter des excuses publiques», a souligné le premier ministre conservateur.

«Ils le savent, je le leur ai dit, le temps presse pour régler cela.»

David Cameron, s'il est favorable à un nouvel organisme de régulation, s'est en revanche dit réticent, au nom de la liberté de la presse, à un recours à la loi pour encadrer ses missions comme le propose le rapport Leveson. Cette position lui a valu d'âpres critiques de la part de victimes d'abus de la presse, mais l'approbation d'une grande partie des journaux.

La ministre de la Culture Maria Miller, qui a présidé la réunion mardi, a indiqué que les dirigeants de la presse avaient reconnu de façon «unanime» la nécessité de travailler ensemble et s'étaient mis d'accord pour «soumettre bientôt au gouvernement des propositions fortes».

Si elle a dit avoir, comme le premier ministre, «de très grosses inquiétudes sur une législation», elle a toutefois averti que «si l'industrie de la presse ne réussissait pas à mettre en place (cet organisme), alors ce serait la seule solution».

James Harding, rédacteur en chef du Times - détenu par le groupe Murdoch -, a estimé que les participants partageaient «un sentiment d'urgence et une forte détermination». Alan Rusbridger, du quotidien The Guardian (proche de l'opposition travailliste), a jugé la rencontre «amicale, mais ferme».

David Cameron avait annoncé la mise en place de la commission Leveson en juillet 2011, en réponse au scandale des écoutes téléphoniques pratiquées par le défunt tabloïd News of the World (NotW) de Rupert Murdoch, qui a déclenché un séisme politicomédiatique.