La comparution de James Murdoch devant une commission sur les médias mardi à Londres a été l'occasion de révélations embarrassantes sur les relations entre le groupe de presse de son père Rupert Murdoch et les conservateurs au pouvoir au Royaume-Uni.

Les contacts ont été particulièrement nourris entre le groupe Murdoch et les conseillers du ministre de la Culture Jeremy Hunt, ont révélé des courriers électroniques adressés à James Murdoch par Frédéric Michel, directeur des affaires publiques à News Corp., l'empire Murdoch.

Ces courriers ont été lus mardi à Londres devant une commission indépendante sur les pratiques de la presse, mise en place par le gouvernement britannique, et devant laquelle comparaissait James Murdoch.

Jeremy Hunt était chargé de se prononcer sur le projet ultrasensible de rachat à 100% du bouquet de chaînes par satellite BSkyB par le groupe Murdoch, désormais abandonné.

James Murdoch a aussi reconnu avoir discuté avec le Premier ministre David Cameron du projet. «C'était dans le cadre d'une petite discussion avant un dîner» le 23 décembre 2010, a-t-il lâché devant la commission Leveson.

Cependant James Murdoch a nié que le ministre conservateur de la Culture ait agi comme un un «facilitateur» au sein du gouvernement en vue d'un feu vert pour le rachat de BSkyB.

Downing Street a réagi en affirmant que le Premier ministre avait une confiance totale en M. Hunt, tandis que l'opposition travailliste a réclamé la démission du ministre de la Culture.

M. Hunt a quant à lui demandé à pouvoir s'expliquer à son tour devant la commission. «Je suis convaincu que lorsque je témoignerai, le public verra que j'ai mené ce processus avec une impartialité scrupuleuse», a-t-il affirmé.

En 2010, le groupe Murdoch, qui possède déjà 39,1% de BSkyB, avait fait une offre de près de 10 milliards d'euros pour bénéficier de la totalité des formidables bénéfices générés par le bouquet satellitaire britannique. Mais il avait dû renoncer à cet achat en juillet 2011, politiquement sensible en pleine affaire des écoutes téléphoniques au News of the World, journal britannique du groupe Murdoch.

James Murdoch a par ailleurs reconnu mardi avoir rencontré à douze reprises M. Cameron lorsque ce dernier était chef de l'opposition, à savoir avant la victoire des conservateurs aux législatives de mai 2010.

Il a nié que le soutien du journal populaire The Sun - appartenant à News Corp. et plus gros tirage de la presse britannique - à la campagne électorale des conservateurs ait été conditionné au projet d'achat de BSkyB.

James Murdoch s'exprimait devant la commission Leveson, mise en place l'an dernier à la suite du scandale des écoutes qui a provoqué la fermeture du News of the World.

Il était convoqué à double titre, pour avoir dirigé jusqu'en février News International, filiale qui chapeaute les journaux britanniques de l'empire Murdoch, mais aussi, jusqu'à début avril, BSkyB.

Il a répété qu'il ignorait l'ampleur des écoutes, pensant qu'elles n'étaient le fait que d'un seul reporter. Il avait déjà adopté cette position en 2011 devant une commission parlementaire sur cette affaire.

Rupert Murdoch doit témoigner mercredi, et éventuellement jeudi, devant la commission Leveson, chargée de faire la lumière sur le scandale des écoutes - qui a ébranlé le monde politique, la police et les médias britanniques - et sur les pratiques des médias en général.