Du Sun au Financial Times, c'est toute la presse britannique qui défile cette semaine devant la commission d'enquête publique sur les pratiques des médias, mise en place à la suite du scandale des écoutes téléphoniques au défunt News of the World.

Après le Sun, plus gros tirage du pays lundi, les responsables et rédacteurs du Financial Times, du Telegraph, de l'Independent et surtout du Daily Mail, connu pour son large recours à des détectives privés, seront entendus tout au long de la semaine.

Lundi, Kelvin MacKenzie, ancien rédacteur en chef du Sun (détenu comme le News of the World sabordé en juillet par le groupe Murdoch) a défendu son approche «agressive» de l'information.

«La plupart des choses, de mon point de vue, devraient être publiées», a-t-il témoigné, tout en ajoutant que «les choses» avaient changé après son départ en 1994. «Les rédacteurs en chef sont devenus plus prudents, et ont probablement raison de l'être dans un monde qui change», a-t-il estimé.

Le Sun a publié pendant son mandat (1981-1994) plusieurs de ses Unes les plus célèbres dont le fameux «On les a eus» (Gotcha) à propos de l'attaque britannique qui a coulé le navire argentin Belgrano pendant la guerre des Malouines.

L'ex-rédacteur en chef du Sun a assuré qu'à aucun moment le magnat de la presse Rupert Murdoch ne l'avait enjoint de «poursuivre quelqu'un».

Il a souligné que Rupert Murdoch était «furieux» quand il a appris que le Sun avait dû payer 1 million de livres (1 300 000 $) de dommages à Elton John et qu'il serait «tout simplement ridicule» de croire que les compensations, comme celles versées aux victimes des écoutes du NotW, faisaient partie de la routine pour le groupe de journaux.

Sur la défensive, les rédacteurs des tabloïds comme leurs patrons nient totalement avoir recouru à des pratiques comme les écoutes de messageries.

Mais les témoignages des victimes, entendues avant Noël par la commission, relatent une tout autre histoire: harcèlement par les photographes, piratages de téléphones, histoires inventées de toutes pièces.

La commission d'enquête, mise en place par le gouvernement après la révélation cet été des dérives du News of the World (NotW), qui a selon la police écouté près de 800 personnes au début des années 2000, doit formuler d'ici l'automne des recommandations.

L'enjeu est particulièrement important pour les tabloïds, qui représentent à eux seuls deux tiers environ du tirage quotidien de la presse nationale.