L'écrivaine J.K. Rowling a décrit les tactiques brutales des tabloïds, dont certaines dépassent la fiction, devant un juge qui fait enquête sur les dérapages de l'industrie, hier à Londres. Max Mosley, ancien patron de la Formule 1 dont les ébats sexuels sadomasochistes ont excité la presse à scandale, a également témoigné.

Le grand public aura rarement été aussi exposé aux revers terrifiants de la célébrité depuis l'ouverture de la commission sur l'éthique de la presse, créée par David Cameron dans la foulée de l'affaire des écoutes téléphoniques.

J.K. Rowling a raconté comment des paparazzis avaient campé devant sa résidence et pris ses enfants pour cible. Elle a déjà découvert avec horreur le message d'un journaliste dans le sac d'école de sa petite fille de 5 ans.

«J'étais furieuse de savoir que son espace avait été envahi à un si jeune âge», a-t-elle expliqué, au quatrième jour des audiences consacrées aux victimes de la presse tabloïd.

Traquée

L'auteure de la série Harry Potter a également tenté de bannir la publication d'une photo de sa fille aînée en bikini, alors âgée de 8 ans, lors de vacances en 2001. Le conseil de presse britannique, la Press Complaints Commission, lui avait donné gain de cause, mais l'image s'était déjà propagée sur l'internet.

«C'était comme être prise en otage. Je me sentais menacée», a dit J.K. Rowling, qui a employé au total 50 avocats pour protéger sa vie privée.

Plus tôt dans la journée, Max Mosley, ancien chef de la Formule 1, a indirectement accusé l'ancien tabloïd News of the World d'être responsable de la mort de son fils toxicomane. Le journal a publié des photos de Max Mosley participant à une orgie, en 2008, suggérant à tort que la partie avait une connotation nazie.

«Cette histoire a eu un effet dévastateur sur mon fils. Il a recommencé à prendre des drogues dures et il est mort», a affirmé M. Mosley, qui a obtenu environ 100 000$CAN de News International, propriété de Rupert Murdoch.

Les témoins célèbres de la commission, de Hugh Grant à J.K. Rowling, ont martelé que le conseil de presse britannique est désuet et «édenté». La presse britannique est autorégulée, un privilège qui pourrait prendre fin à la suite des conclusions de la commission, en dépit des cris à la censure d'une majorité d'éditeurs de presse.