Un vent de panique a soufflé pendant quelques secondes mardi sur l'audition de Rupert Murdoch devant une commission parlementaire britannique, quand un entarteur s'est rué sur lui, arrêté dans son élan par un moulinet de l'intrépide jeune épouse du magnat.

Stupeur, confusion et affolement général.  Des cris - «non, non» - ont fusé dans la salle, sans qu'on sache immédiatement ce qui s'était passé. Et la retransmission intégrale par les télévisions de cette audition historique, commencée deux heures et demie plus tôt dans une atmosphère studieuse, a été brutalement interrompue.

L'incident, spectaculaire, s'est finalement avéré mineur. L'agresseur, un jeune homme en chemise à carreaux qui se trouvait apparemment dans les rangs du public, n'était «qu'un» entarteur.

Il a lancé une assiette pleine de mousse à raser, dissimulée, semble-t-il, dans son sac, en direction du puissant patron de presse, lui criant: «vous n'êtes qu'un sale milliardaire», aux dires de témoins.

Mais la vedette de l'épisode a sans conteste été Wendi, la jeune épouse de l'octogénaire, assise derrière lui pendant toute l'audience. Sur les images retransmises en boucle par les télévisions, on la voit se lever d'un bond de sa chaise dans sa veste rose, le bras tendu pour frapper l'agresseur, tandis que James, le cadet des fils Murdoch, tentait aussi de faire barrage.

Le magnat a essayé de protéger sa tête et a retiré ses lunettes.

L'entarteur, âgé de 26 ans, a été immédiatement interpellé par la police, qui avait déjà dispersé avant le début de l'audience un rassemblement de protestataires, venus manifester contre Murdoch devant le Parlement.

«Beaucoup de députés se sont levés, n'en croyant pas leurs yeux», a raconté un témoin.

L'audience a repris ensuite son cours pour encore une demi-heure. Mais Rupert Murdoch a dû répondre en chemise, contraint d'abandonner sa veste de costume maculée de blanc par l'entarteur.

«Votre femme a un très bon crochet», a lâché, pince-sans-rire, le député travailliste Tom Watson, très en pointe dans le dossier des écoutes.

Son exploit a valu en tout cas à Wendi une célébrité immédiate sur la toile, où il a été abondamment commenté.

À la fin de l'audition, le président de la commission John Whittingdale a présenté ses excuses au magnat pour le «traitement inacceptable» dont il avait fait l'objet.

Une députée a même salué l'«immense courage» dont il a fait preuve en poursuivant son audition, malgré l'incident.

L'affaire risque en tout cas de placer à nouveau la police en position délicate, après l'attaque il y a quelques mois contre la voiture du prince Charles.