La réforme historique de l'assurance maladie engagée par le président Barack Obama était sur le point d'être votée dimanche soir au Congrès des Etats-Unis, dont les élus démocrates paraissaient enfin avoir surmonté leurs divergences.

Près d'un an après avoir lancé les débats, la Chambre des représentants devait approuver le texte adopté le 24 décembre par le Sénat et l'envoyer à M. Obama pour promulgation. Ce dernier devait s'exprimer en direct à la télévision après le vote afin de célébrer ce qui devrait être une victoire législative majeure.

Il faut une majorité de 216 voix pour que le texte soit adopté.

Dimanche après-midi, ce chiffre semblait acquis avec le ralliement du démocrate anti-avortement Bart Stupak et de ses partisans.

Ce ralliement obtenu à la dernière minute est considéré comme crucial pour l'adoption de la réforme. Il est intervenu à la suite d'un compromis passé avec la présidence. La Maison Blanche a en effet expliqué que M. Obama signerait un décret pour réaffirmer l'interdiction des financements fédéraux pour l'avortement.

Les élus ont entamé la séance dimanche peu après 13H00 (17H00 GMT). Vers 18H30 (22H30 GMT), les démocrates ont remporté une première victoire avec un vote de procédure (224 voix contre 206) sur la «règle» servant à encadrer la façon dont les votes suivants et les débats se dérouleront. Il s'agit d'un premier indicateur sur le nombre de voix dont peut disposer la majorité.

Les élus doivent ensuite se prononcer sur le projet de loi du Sénat. Ce vote pourrait intervenir entre 22HOO et 23H00 (O2H00 et 03H00 GMT).

Les débats ont commencé sous les cris de centaines de manifestants, essentiellement des adversaires du projet de loi, rassemblés devant le Capitole. Le slogan le plus populaire scandé sans relâche était: «Kill the bill» (Tuez le projet de loi). «On s'en souviendra en novembre», ont-ils également crié en faisant allusion aux prochaines élections parlementaires.

Samedi, le président Obama s'est rendu au Capitole devant les élus de la Chambre pour un dernier plaidoyer en faveur de son projet phare. «Tout est dans vos mains, il est temps d'adopter la réforme santé pour l'Amérique, et je crois que vous allez le faire demain», leur a-t-il lancé.

Les républicains accusent l'administration Obama de vouloir étatiser la médecine et de gonfler les dépenses fédérales et cette accusation fait craindre de nombreux élus démocrates pour leur réélection.

Tentant in extremis de déstabiliser les démocrates «vulnérables», le chef de la minorité républicaine, John Boehner, a déclaré dimanche sur la chaîne NBC qu'il était «clair» que la majorité n'avait pas les voix nécessaires.

S'il est adopté, ce texte permettra de garantir une couverture santé à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus.

La réforme, d'un coût de 940 milliards de dollars sur 10 ans, devrait réduire le déficit américain de 138 milliards de dollars sur la même période, selon les chiffres du bureau du Budget du Congrès (CBO). Le texte prévoit en effet une baisse des dépenses du programme d'assurance maladie des personnes âgées (Medicare).

Le système d'assurance maladie fait débat depuis un siècle aux Etats-Unis, et des générations de dirigeants américains, de Theodore Roosevelt à Bill Clinton, se sont cassé les dents sur ce dossier longtemps combattu par les médecins et les assureurs.