Israël espère calmer la crise diplomatique aiguë avec la Turquie, un ancien allié stratégique, mais pas au prix d'excuses pour l'abordage sanglant d'une flottille turque par un commando de marine israélien le 31 mai 2010.

«Nous n'avons pas besoin de nous excuser pour avoir agi afin de défendre nos concitoyens, nos enfants et nos villes», a déclaré le premier ministre Benyamin Nétanyahou à l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire.

«Nous n'avons pas besoin de nous excuser pour nos soldats qui se sont défendus face à des attaques violentes de la part d'activistes de l'IHH (ONG humanitaire turque de tendance islamiste). Nous n'avons pas à nous excuser quand nous agissons pour stopper la contrebande d'armes destinées au Hamas, une organisation terroriste qui a déjà tiré 10 000 missiles, roquettes et obus de mortier contre nos citoyens», a plaidé M. Nétanyahou.

Mais ce dernier a exprimé également l'espoir de «trouver le moyen de surmonter nos divergences avec la Turquie», assurant qu'Israël «n'a jamais voulu, et continue à ne pas vouloir aujourd'hui, une dégradation de ses relations» avec Ankara.

«Israël n'a aucun intérêt à une escalade avec la Turquie, bien au contraire», a affirmé de son côté à la radio publique Gilad Erdan, ministre de l'Environnement, un proche de M. Nétanyahou.

La Turquie a décidé d'expulser l'ambassadeur d'Israël à Ankara et de geler les relations militaires, jadis florissantes, en guise de sanctions face au refus d'Israël de présenter des excuses après le raid contre une flottille d'aide humanitaire à destination de Gaza qui avait coûté la vie à neuf Turcs.

Ankara a pris ces mesures à la suite de la publication jeudi d'un rapport d'enquête commandité par l'ONU estimant que l'armée israélienne avait eu recours à une force «excessive et déraisonnable» mais reconnaissant la légalité du blocus naval mis en place par Israël autour de Gaza.

Israël, qui a adopté avec quelques «réserves» ce rapport, contrairement à la Turquie qui l'a dénoncé, a refusé de s'excuser et de lever le blocus maritime comme l'exigeait Ankara.

L'ambassadeur d'Israël en Turquie, Gaby Levy, est déjà rentré. Son homologue turc en Israël avait été rappelé l'an dernier.

«Les Turcs sont à l'origine de la dégradation des relations. Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan voulait pouvoir dire à tous les pays de la région qu'il a réussi à faire céder Israël malgré un rapport de l'ONU qui nous est favorable», a affirmé le ministre chargé des Affaires stratégiques Moshé Yaalon.

Un haut responsable israélien, qui a requis l'anonymat, a estimé que «la Turquie avait choisi la fuite en avant et une stratégie dangereuse qui pour le moment s'est soldé par un isolement croissant».

«Personne n'a mandaté la Turquie pour assurer la liberté de circulation en Méditerranée et nous espérons que l'OTAN saura le faire comprendre à Ankara», a déclaré ce responsable à l'AFP.

Il faisait allusion au chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, qui a prévenu que son pays «prendra toutes les précautions qu'il estime nécessaires pour la sécurité de la navigation maritime dans l'est de la Méditerranée».

Le ministre n'en a pas dit davantage, mais de source proche du gouvernement d'Ankara, on précise que la marine turque a reçu l'ordre d'être «plus active et vigilante» en Méditerranée orientale.

Le responsable israélien a également dénoncé la «stratégie néo-ottomane» suivie par M. Erdogan qui vise à réimposer une hégémonie turque sur une partie de la région.

«Il est vraiment dommage que la Turquie ne comprenne pas qu'Israël est un pays ami et sûr», a-t-il également déploré.