Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a  approuvé mercredi le rapport de la mission d'enquête sur l'abordage fin mai par la marine israélienne d'une flottille pour Gaza, selon lequel des «preuves» existent pour «appuyer des poursuites» contre Israël.

La résolution, déposée par le Pakistan au nom de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) regroupant 57 pays, a été adoptée avec 30 votes favorables, 1 vote contraire (celui des États-Unis) et 15 abstentions.

Dans sa résolution, l'OCI disait «regretter profondément la non-coopération d'Israël à l'enquête», tout en demandant au Conseil des droits de l'Homme «d'approuver les conclusions du rapport» et de «recommander à l'Assemblée générale (de l'ONU) de prendre en compte le rapport».

Dans leur rapport, les experts de l'ONU concluent que des «preuves» existent pour «appuyer des poursuites» contre Israël pour «homicide intentionnel, torture ou traitements inhumains, le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou des blessures graves».

«Les circonstances des meurtres d'au moins six des passagers correspondaient d'une certaine façon à une exécution extra-judiciaire, arbitraire et sommaire», ajoutent les experts, estimant qu'il s'agit de «graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire».

Le 31 mai 2010 à l'aube, des commandos israéliens avaient arraisonné la flottille pro-palestinienne de six navires qui se dirigeait vers Gaza dans l'intention de briser le blocus maritime imposé par Israël. Des affrontements entre militants et soldats israéliens se sont produits sur le Mavi Marmara, au cours desquels neuf Turcs ont été tués, soulevant une vague de réprobation internationale.

Le 2 juin, le Conseil des droits de l'homme a voté une résolution approuvant la mise en place d'une mission internationale indépendante destinée à examiner «les graves attaques menées par les forces israéliennes contre le convoi humanitaire de bateaux», mission qui s'inscrit en parallèle à celle du panel formé par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, également chargé d'enquêter sur le raid meurtrier.

Regrettant que la résolution ne souligne pas «le rôle central du panel créé par le secrétaire général», l'ambassadeur belge Alex Van Meeuwen, s'exprimant au nom de l'Union européenne, a expliqué que l'UE recommandait l'«abstention».

De son côté, l'ambassadrice américaine Eileen Donahoe a souligné que Washington s'opposait à la résolution, estimant qu'elle pouvait mettre à mal les pourparlers de paix engagés actuellement entre Israël et les Palestiniens sous supervision américaine.

Cet «incident souligne la nécessité d'aller de l'avant rapidement avec des négociations qui peuvent conduire à une paix globale entre Arabes et Israéliens», a dit Mme Donahoe.

«Nous sommes préoccupés par le ton, les propos qui sont tenus et les conclusions du rapport», avait-elle déjà indiqué mardi.

La résolution adoptée mercredi ne précise toutefois pas de quelle façon des poursuites judiciaires pourraient être entamées contre Israël.

Un des trois experts en charge du rapport s'est contenté d'indiquer mardi que la Cour pénale internationale pouvait se saisir du dossier étant donné que le navire «Mavi Marmara sur lequel la majorité des violences se sont déroulées battait pavillon des Comores, qui sont membres de la CPI».