Plusieurs centaines de personnes se sont réunies au complexe Westmount Square, hier midi, pour manifester leur appui à Israël dans l'assaut sanglant contre la flottille civile qui cherchait à briser le blocus de Gaza la semaine dernière.

«Regardez les vidéos», ont scandé les orateurs avant qu'un rabbin ne récite une bénédiction pour l'État juif. «L'avenir d'Israël ne sera pas décidé sur CNN ou sur la CBC. Pour la première fois depuis 2000 ans, il est entre les mains du peuple juif.»

 

Les manifestants interrogés par La Presse ont tous cité les milliers de roquettes lancées de Gaza entre 2006 et 2009 ainsi que le cas de Gilad Shalit, le soldat juif capturé par le Hamas en 2006, que la Croix-Rouge n'a toujours pas pu voir. «On parle de droits de l'homme dans le blocus de Gaza», a dénoncé Victor Pariente, un Montréalais qui portait au cou une pancarte évoquant les roquettes du Hamas. «Mais il faut aussi parler des droits de l'homme en Israël.»

«Comment vous sentiriez-vous si votre enfant descendait d'un hélicoptère pour inspecter un navire et défendre son pays et qu'il se faisait attaquer?» a demandé un homme en complet qui a préféré taire son nom «pour des motifs professionnels».

Le Québec est-il plus critique envers Israël que le reste du Canada? «En général, la société québécoise est très tolérante, répond Ilda Théroux, sexagénaire qui accompagnait l'homme en complet. Mais c'est sûr qu'il y a beaucoup de musulmans et que les médias doivent en tenir compte.»

Six étages plus haut, le consul d'Israël à Montréal, Yoram Elron, confirme que le cas du soldat Shalit et les roquettes du Hamas donnent l'impression aux Israéliens que leur pays n'est pas jugé de la même manière que le Hamas. «J'étais à Ashkelon dans une école pendant la visite d'un ministre, et il y a eu une alerte aux roquettes. Les écoliers n'ont eu que 30 secondes pour descendre aux abris.»

Selon M. Elron, Israël n'acceptera jamais de participer à une enquête internationale sur l'assaut du 31 mai. «Il y aura peut-être des observateurs internationaux à notre enquête. Le Canada accepterait-il de ne pas diriger une enquête sur un événement similaire?» L'armée israélienne a pour sa part lancé une enquête interne.

Plusieurs observateurs israéliens ont critiqué l'utilisation d'une unité de commandos d'élite pour inspecter les navires, parce qu'ils sont moins habitués à des opérations impliquant des civils. «Nous tirerons les leçons de cet événement», s'est borné à dire M. Elron.

Embargo assoupli?

L'embargo sur Gaza pourrait-il être assoupli? «Nous acheminons 15 000 tonnes d'aide humanitaire vers Gaza chaque semaine, dit M. Elron. Le Hamas n'a toujours pas accepté le matériel que nous avons saisi le 31 mai. Nous sommes disposés à l'acheminer par voie terrestre, mais le Hamas ne veut pas, parce qu'il aurait voulu l'obtenir immédiatement ou parce qu'il aurait voulu le recevoir directement des donateurs.»

Un contrôle international pour éviter des livraisons d'armes est-il envisageable? «Le problème, c'est que le Hamas peut utiliser du matériel non militaire pour les tirs de roquettes, dit M. Elron. Par exemple, le ciment peut être utilisé pour protéger les rampes de lancement.» Le ciment est au coeur des principaux problèmes de Gaza, selon un récent rapport de la revue Foreign Policy; on en a besoin notamment pour la construction de conduites d'eau et la reconstruction des cliniques médicales détruites par l'assaut israélien au début de 2009.