Le gouvernement islamo-conservateur turc a maintenu la pression vendredi sur Israël, quatre jours après le raid meurtrier israélien sur une expédition maritime à Gaza, et plus de 10.000 personnes ont à nouveau conspué l'État hébreux, dans plusieurs villes de Turquie.

Dans un discours à Konya (centre), retransmis en direct à la télévision, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a affirmé que le Hamas, le mouvement islamiste radical palestinien qui a souhaité la destruction d'Israël, n'est pas un groupe terroriste. «Le Hamas a des résistants qui luttent pour défendre leur terre. Ils ont remporté une élection», a-t-il déclaré.

«Je l'ai dit aux responsables américains... Je ne considère pas le Hamas comme une organisation terroriste. Je pense la même chose aujourd'hui. Ils défendent leur terre», a-t-il ajouté.

M. Erdogan s'en est pris une nouvelle fois à Israël, jadis allié stratégique de la Turquie, après le raid lundi de commandos israéliens sur la flottille d'aide à Gaza, au cours duquel neuf Turcs ont été tués.

Il a critiqué les puissances occidentales qui refusent selon lui de donner une chance au Hamas de s'engager dans un processus démocratique.

«Notre problème ne concerne pas les Israéliens ou le peuple juif. Notre problème concerne le gouvernement israélien oppresseur, qui pratique le terrorisme d'État», a-t-il dit, ajoutant: le gouvernement israélien est «hypocrite», «paranoïaque» et «il ment».

La Turquie a déjà déclaré plusieurs fois qu'il est impossible de parvenir à la paix au Proche Orient sans le Hamas. Elle a aussi demandé au Hamas de renoncer à la violence.

En février 2006, Ankara avait déclenché la colère d'Israël en accueillant le dirigeant du Hamas Khaled Mechaal, après la victoire électorale du mouvement radical.

En janvier 2009, les autorités turques avaient agi en médiateur entre les dirigeants du Hamas basés en Syrie et des officiels égyptiens qui tentaient d'obtenir un cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre de 22 jours à Gaza.

À Istanbul et dans d'autres villes turques, plus de 10.000 personnes ont conspué Israël et crié des slogans en faveur du Hamas, avant les enterrements des victimes du raid israélien.

«Hors de la Palestine !», a scandé une foule d'environ 10.000 personnes devant la grande mosquée de Beyazit, à Istanbul, après la prière du vendredi, dédiée à l'une des victimes de l'abordage contre la flottille internationale.

«Fermez l'ambassade sioniste !», pouvait-on lire sur une banderole géante.

Déjà jeudi, de 15.000 à 20.000 personnes s'étaient rassemblées devant une autre mosquée de la ville, pour rendre hommage aux victimes, conspuant Israël.

Des manifestations hostiles à Israël ont accompagné les enterrements des autres victimes, à travers le pays, vendredi.

Ainsi à Talas (centre), où l'imam a qualifié Furkan Dogan, 19 ans, de «martyr», alors que des centaines de fidèles criaient «À bas Israël», avant l'enterrement du jeune homme, qui avait également la nationalité américaine.

Par ailleurs, le vice-premier ministre Bulent Arinc a annoncé que son pays, qui a rappelé son ambassadeur à Tel Aviv et annulé trois manoeuvres militaires conjointes, allait réduire ses liens économiques et sa coopération en matière d'industrie de défense avec Israël.

Ankara «va réduire les relations dans ces domaines à un niveau minimum, pour autant qu'une telle coopération existe déjà... que les paiements ont été effectués ou pas», a dit M. Arinc.

La coopération militaire était au coeur des rapports bilatéraux depuis la signature, en 1996, d'un accord en ce sens.