Un proche de la famille de Liu Xiaobo a critiqué lundi l'absence du haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, vendredi à la cérémonie en l'honneur du dissident chinois, prix Nobel de la paix 2010, dénonçant son «abdication» face à Pékin.

Dissident exilé aux États-Unis, Yang Jianli a estimé que le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, et Navi Pillay «devraient démissionner» de leur poste «s'ils ne veulent ou ne peuvent» promouvoir les droits de l'Homme comme l'exige leur rôle.

«La décision de Mme Pillay est une abdication claire et sans équivoque de ses responsabilités de haut commissaire qui, je pense, découle d'une pression directe du gouvernement chinois», écrit Yang Jianli dans une lettre ouverte reçue par l'AFP.

Représentant de Liu Xia, l'épouse de Liu Xiaobo, auprès du comité Nobel norvégien, Yang Jianli -qui a purgé cinq ans de prison dans son pays- sera présent vendredi à Oslo à la cérémonie.

«C'est d'autant plus préoccupant que cela survient après le refus du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon de soulever le cas de Liu Xiaobo au cours de sa rencontre avec le président chinois Hu Jintao peu après l'attribution du Nobel», a-t-il ajouté.

Le chef de l'ONU n'avait pas évoqué l'affaire au moment de sa rencontre avec Hu Jintao le 1er novembre à Pékin, trois semaines après l'attribution du Nobel, ce qui lui avait valu les critiques d'ONG.

A Genève, le porte-parole du haut commissaire a rejeté les accusations, soulignant que Navi Pillay devait accueillir à cette date dans la ville suisse la Journée mondiale des droits de l'Homme en présence de militants venus de la planète entière.

«Ce serait une gifle pour eux si elle n'y participait pas», a déclaré à l'AFP Rupert Colville, qui a souligné que Navi Pillay avait appelé à la libération de Liu Xiaobo, dès l'attribution du Nobel connue.

Ulcéré par le choix du comité Nobel, la Chine a menacé de «conséquences» les pays qui apporteraient leur soutien à Liu Xiaobo et va, selon les experts, scruter attentivement le déroulement de la cérémonie.

Outre la Chine, la Russie, le Kazakhstan, Cuba, le Maroc et l'Irak ont décliné l'invitation à la cérémonie. Certains, comme la Russie, ont invoqué des problèmes d'emploi du temps.

Purgeant une peine de 11 ans de prison dans son pays, le lauréat ne sera lui-même pas en mesure de recevoir son Nobel vendredi, ni se faire représenter par ses proches qui ne peuvent quitter le territoire chinois.

Un siège vide, une photo et un de ses textes lu par l'actrice norvégienne Liv Ullmann le représenteront symboliquement.

Considéré comme un «criminel» par Pékin, cet intellectuel de 54 ans a été condamné en décembre 2009 pour «subversion» après avoir corédigé la «Charte 08» qui réclame une Chine démocratique.