Des militants des droits de l'Homme ont demandé la libération du Nobel de la paix Liu Xiaobo, de tous les prisonniers politiques et l'avènement de la démocratie en Chine, dans une lettre signée par une centaine de Chinois de tous horizons.

Cette lettre, dont l'AFP a reçu une copie, circulait vendredi, une semaine après l'attribution du Nobel de la paix à Liu Xiaobo, l'un des rédacteurs de la «Charte 08» qui demandait une démocratisation de la Chine, et condamné l'an dernier à 11 ans de prison.

«Nous appelons à prendre au plus vite toutes les mesures pour que Liu Xiaobo regagne sa liberté, qu'il soit réuni à son épouse Liu Xia, et qu'il puisse se rendre en personne à Oslo pour recevoir le prix», écrivent les auteurs.

«En même temps, nous appelons les autorités à libérer tous les prisonniers de conscience et les prisonniers politiques enfermés pour des raisons d'idéologie, d'expression ou de foi religieuse», poursuivent-ils.

La lettre a été écrite par Xu Youyu, professeur retraité de philosophie politique à l'Institut de Philosophie de l'Académie des Sciences sociales, Cui Weiping et Zheng Jian, professeurs à l'Institut du cinéma, et Jia Jia, chercheur.

Alors que Pékin a dénoncé avec rage ce prix -- un «dévoiement» du Nobel, attribué à un «criminel» -- les auteurs estiment que Liu était «un candidat idéal» car «il n'a cessé de défendre les droits de l'Homme de manière non violente» et «malgré les persécutions, il est dépourvu de toute haine».

Evoquant «l'écho extraordinaire» de cet «événement historique pour la Chine contemportaine» et la répression des «citoyens ravis» qui le célébraient, les auteurs exigent «que la police mette immédiatement un terme à ces actes illégaux et libère immédiatement les citoyens détenus».

«Nous appelons les autorités chinoises à adopter une attitude raisonnable face à l'attribution du Prix à Liu Xiaobo, et en observant les réactions chaleureuses en Chine et à l'étranger, à se mettre en accord avec le courant mondial (...) et établir l'image d'une grande puissance responsable», disent-ils.

«Nous appelons les autorités chinoises à tenir leur promesse de réforme du système politique. Le Premier ministre Wen Jiabao (...) a récemment manifesté son profond désir de faire avancer la réforme politique, et nous sommes prêts à participer à ce processus», écrivent-ils alors que s'ouvre à Pékin vendredi le plénum du Comité central du Parti Communiste.

«Nous souhaitons que, dans le cadre de la Constitution de la République populaire de Chine (...) le gouvernement puisse garantir réellement tous les droits des citoyens, qu'il mette en oeuvre une transition sociale pacifique afin de faire de la Chine un pays démocratique, doté d'un État de droit digne de ce nom».

Cette lettre était censurée en Chine: elle n'était visible que sur des sites chinois basés hors du pays et une recherche sur le grand moteur chinois Baidu indiquait que la requête n'était «pas en accord avec les lois et règlementations».