Plusieurs pays occidentaux, des ONG et le dalaï lama ont appelé vendredi la Chine à libérer le dissident chinois Liu Xiaobo emprisonné pour ses convictions démocratiques, lauréat 2010 du prix Nobel de la Paix.

Le président américain Barack Obama, qui avait obtenu l'an dernier la prestigieuse récompense, a appelé Pékin à «libérer M. Liu le plus vite possible», saluant l'attribution du prix à un «porte-parole éloquent et courageux de la cause de valeurs universelles défendues par des moyens pacifiques et non-violents».

Saluant les «progrès considérables» de la Chine en matière de réformes économiques, M. Obama souligne que «les réformes politiques n'ont pas suivi et que les droits fondamentaux de chaque homme, chaque femme et chaque enfant doivent être respectés».

Le prix Nobel de la paix 2010 a été attribué vendredi au dissident chinois Liu Xiaobo (54 ans), qui purge une peine de 11 ans de prison, «pour ses efforts durables et non violents en faveur des droits de l'Homme en Chine». Liu Xiaobo a été condamné après avoir été l'un des auteurs de la «Charte 08» réclamant une Chine démocratique.

Le premier ministre canadien Stephen Harper a salué vendredi l'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo et exprimé l'espoir que la Chine envisage sérieusement sa libération.

«Liu Xiaobo a remporté le prix Nobel de la paix et le gouvernement, au nom des Canadiens, aimerait le féliciter pour cela», a déclaré M. Harper à la presse lors d'un déplacement dans l'Ouest canadien.

«Comme vous le savez, il est actuellement emprisonné en Chine (et) notre gouvernement a exprimé son inquiétude (à ce sujet) dans le passé», a-t-il dit.

«J'espère, maintenant qu'il a remporté le prix Nobel de la paix, que nos amis du gouvernement chinois vont envisager sérieusement la question de sa libération», a-t-il ajouté.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner a rappelé que «la France, comme l'Union européenne (...) a appelé à la libération du dissident chinois à plusieurs reprises».

«La France rappelle son attachement à la liberté d'expression partout dans le monde», a-t-il ajouté.

L'Allemagne souhaite que le dissident chinois «soit bientôt libéré pour pouvoir recevoir en personne son prix», a dit le porte-parole du gouvernement, ajoutant que Berlin «s'était déjà engagé par le passé pour sa libération, et continuerait à le faire».

Le chef spirituel des Tibétains en exil, le dalaï lama, prix Nobel de la paix 1989, a appelé à la libération immédiate du dissident chinois ainsi que «d'autres prisonniers d'opinion qui ont été incarcérés pour avoir exercé leur liberté d'opinion».

Mais la Chine a estimé que le choix du dissident était «totalement contraire aux principes» du prix Nobel». L'annonce de l'attribution de la récompense a d'ailleurs été censurée sur les principaux sites internet et les réseaux de téléphonie mobile.

Pour le premier ministre japonais Naoto Kan, le comité Nobel a adressé à Pékin un message sur l'importance du respect des droits de l'homme qui sont «universels».

Le président de Taïwan Ma Ying-jeou a qualifié d'«historique» cette attribution.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a félicité le lauréat 2010 y voyant un «message fort à tous ceux qui à travers le monde se battent pour la liberté et les droits de l'Homme».

La Haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a salué la «reconnaissance» d'un «défenseur majeur des droits de l'homme».

«Je suis très satisfait de la décision du comité Nobel. Je la considère comme un défi lancé à la Chine et au monde entier», a déclaré Lech Walesa, le lauréat polonais de ce prix en 1983, chef historique du syndicat Solidarité et ancien président polonais.

L'ancien président tchèque Vaclav Havel, artisan de la chute du communisme dans son pays en 1989, a salué vendredi le lauréat : «Liu Xiaobo est exactement ce citoyen engagé à qui une telle récompense appartient à juste titre».

Le premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a félicité vendredi le dissident chinois. Mais peu après l'annonce, le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué que le choix du comité Nobel allait «nuire aux relations entre la Chine et la Norvège». Et l'ambassadeur norvégien à Pékin a été convoqué par les autorités chinoises qui lui ont signifié leur «mécontentement».

L'attribution de ce Nobel de la paix est une «victoire pour les droits de l'Homme dans le monde et pour tous les dissidents chinois», a estimé l'ONG Human Rights Watch.

Cette attribution «doit renforcer la pression internationale pour libérer Liu et les nombreux autres prisonniers politiques» détenus en Chine, a estimé Amnesty International.

Ce prix est «un message d'espoir pour le lauréat... mais également pour les dissidents en détention à travers le monde et pour le peuple chinois», a indiqué Reporters sans frontières (RSF), l'organisation de défense des droits de la presse.

«C'est une leçon pour tous les gouvernements démocratiques qui plient trop souvent face aux pressions de Pékin», a ajouté RSF.

En 2004, Liu Xiaobo avait reçu le prix Reporters sans frontières pour les défenseurs de la liberté de la presse.