Les deux rivaux de la course à la Maison Blanche, Barack Obama et John McCain, se sont opposés avec force sur la guerre en Irak mais leurs divergences en matière militaire relèvent plus d'une question de tempérament que d'un contenu réel, selon les analystes.

Le démocrate et le républicain soutiennent tous deux l'expansion actuelle des forces armées américaines, l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, et comptent se doter des capacités nécessaires face à la montée en puissance de la Chine ou la résurgence de la Russie.

«Au-delà de la question de la présence américaine en Irak, McCain et Obama ont des positions très similaires» en matière de défense, estime Loren Thompson, directeur du groupe de recherche Lexington Institute.

«La véritable différence tient dans leur style et dans leur tempérament vis-à-vis des questions de sécurité nationale», ajoute-t-il.

M. Obama, un avocat diplômé d'Harvard sans expérience militaire, n'exclut pas le recours à la force mais insiste sur l'importance de la diplomatie et du développement économique, affirment ses conseillers.

Avec une exception toutefois: la capture d'Oussama ben Laden, chef spirituel d'Al-Qaïda à l'origine des attentats du 11-Septembre.

Lors d'un récent débat, il s'est dit prêt à des frappes militaires ciblées au Pakistan contre des terroristes avec ou sans l'autorisation d'Islamabad. «Si les Etats-Unis ont Al-Qaïda, ben Laden ou ses lieutenants dans leur viseur, et si le Pakistan ne veut pas ou est incapable d'agir, alors nous devons les éliminer», a-t-il déclaré.

Il s'est immédiatement attiré une rebuffade de son rival républicain qui a estimé que lancer publiquement ce genre de menaces à l'encontre d'un pays allié «n'était d'aucune aide».

John McCain, un ancien pilote de l'US Navy, prisonnier de guerre au Vietnam, a pourtant toujours vu l'exercice du pouvoir militaire comme un complément indispensable à la diplomatie.

«Je viens d'une longue lignée de McCains qui croient qu'aimer l'Amérique signifie se battre pour elle», a-t-il déclaré.

En tant que sénateur, il a voté pour les frappes aériennes au Kosovo en 1999, a soutenu l'invasion américaine de l'Irak en 2003 avant de critiquer sa mauvaise gestion, puis a apporté son soutien à l'envoi de renforts début 2007.

Concernant l'Iran, M. McCain a accusé son adversaire démocrate de vouloir s'asseoir à la table des négociations «sans conditions», malgré les activités nucléaires suspectes de Téhéran.

«Il n'y a qu'une chose pire que l'action militaire, c'est un Iran doté de l'arme nucléaire», a lancé le républicain, réputé au sang chaud.

Pour sa part, M. Obama se dit partisan d'une «diplomatie ferme et directe». Mais il plaide aussi en faveur de sanctions plus dures, tout comme l'administration Bush.

John McCain est monté au créneau pour accuser la Russie de chercher à retrouver sa puissance du temps de la Guerre Froide. Lorsque des chars russes sont entrés en Géorgie en août, il a réclamé que Moscou arrête «immédiatement et sans condition».

Plus détaché et analytique, Obama a d'abord appelé les deux parties à la retenue, avant de publier plus tard un communiqué condamnant les actions russes.

«Formellement, M. Obama ne paraît pas si différent de Robert Gates (secrétaire à la Défense américain) ou même de George W. Bush en matière de sécurité nationale. Mais je pense qu'il est très différent au niveau du caractère», juge l'expert Loren Thompson.

«McCain, lui, est parfois belliqueux. Ses commentaires sur la Corée du Nord, l'Iran et la Russie révèlent une plus grande propension à faire usage de la force militaire qu'Obama», conclut-il.