De Jakarta à Honolulu, Barack Obama a vécu une enfance singulière, loin du continent américain, dont il affirme qu'elle a a contribué à forger sa vision du monde et peut-être à le hisser aux portes de la Maison Blanche

Les voyages forment la jeunesse, prétend l'adage. Un point de vue partagé par le camp du candidat démocrate. «Ce sont les expériences riches et variées de la vie de Barack Obama, qui a grandi dans des lieux différents avec des gens ayant des idées différentes, qui ont contribué à former son programme politique», peut-on lire sur le site internet Barackobama.com.

Barack Obama est né le 4 août 1961 à Hawaï, d'une union improbable à une époque où les mariages mixtes étaient interdits dans de nombreux Etats américains: son père est Kenyan, sa mère, blanche, du Kansas. Barry, comme on le surnomme alors, grandit dans un milieu modeste, intellectuel et attentionné, même si son père quitte le foyer alors qu'il n'a que deux ans.

Il en a six lorsqu'il débarque à Jakarta en 1967, suivant sa mère qui a rencontré un militaire indonésien.

«Il m'a fallu moins de six mois pour apprendre la langue de l'Indonésie, ses usages et ses légendes», raconte-t-il dans son autobiographie, «Les rêves de mon père». Un jour, il mange du serpent. L'autre, il reçoit le singe Tata comme animal de compagnie.

«Je garde le souvenir d'une époque joyeuse, pleine d'aventure et de mystère», écrit Obama dans +L'audace d'espérer+, un autre de ses livres. Mais Jakarta est loin de la douceur hawaïenne et Barry découvre la misère, comme ce jour où il tombe nez-à-nez avec un mendiant, le visage déformé et un trou à la place du nez, qui vient demander de la nourriture.

«J'apprenais que le monde était violent, imprévisible et souvent cruel», raconte Obama, qui réalise que l'arbitraire peut être au coeur de l'organisation des sociétés humaines: «Je comprenais malgré mon jeune âge que la position sociale de notre famille ne dépendait pas seulement de nos ressources mais aussi de nos liens avec l'Occident».

L'Indonésie fournira plus tard au démocrate matière à aborder la diplomatie américaine. «Dans les grandes lignes au moins, tout y est», développe-t-il dans +L'audace d'espérer+: «notre rôle dans la libération des anciennes colonies (...) notre promotion inlassable du capitalisme à l'américaine et des multinationales; notre penchant à tolérer et parfois à encourager la tyrannie».

La parenthèse indonésienne s'achève et Barry revient à Hawaï en 1971. Il y fait l'expérience du racisme.

Un de ses camarades de classe lui demande un jour si son père est cannibale. Son entraîneur de basket lui lance, après une défaite contre une équipe composée de Noirs: «Il y a les Noirs et il y a les nègres. Ces gars-là sont des nègres». Ce à quoi Barry répondra: «Il y a les Blancs. Et il y a les fils de p... ignorants comme toi».

A Honolulu, il intègre la prestigieuse école Punahou. Eric Kusunoki, qui fut son professeur de lycée, garde le souvenir d'un élève «vif et agréable».

«Le sénateur Obama était un très bon élève avec qui j'avais plaisir à travailler», confie-t-il à l'AFP.

Et un adolescent doté de qualités de meneur d'hommes. «Il était capable de résoudre les conflits», se rappelle l'enseignant. «C'était un chef tranquille».

M. Kusunoki n'est d'ailleurs «pas surpris» par son parcours, même s'il n'a évidemment «jamais pensé qu'il puisse devenir président des Etats-Unis».

Mais «j'étais confiant qu'il réussirait ce qu'il choisirait de faire. Il avait tout pour lui», ajoute-t-il.

Barack Obama quittera Hawaï à l'âge de 18 ans pour étudier à Los Angeles, rejoignant ce continent américain où il n'a encore jamais vécu.