L'affrontement entre Barack Obama et John McCain a bien eu lieu, ce soir, mais les deux candidats ont visé des cibles différentes.

Barack Obama a parlé de ses vues sur les enjeux. John McCain a parlé de ses vues sur Barack Obama.

Dès l'ouverture de la soirée, McCain a accusé Obama de vouloir augmenter les impôts pour «dépenser l'argent à gauche et à droite», un thème favori des républicains. Obama a expliqué son programme, et les remarques et les blagues subséquentes de McCain sont tombées à plat.

M. McCain a tenté de s'adresser aux gens de tous les jours en utilisant l'exemple de «Joe le plombier», un électeur rencontré par Barack Obama, et qui n'a pas aimé son plan économique.

«Il faut aider Joe le plombier, a dit McCain. Il faut l'aider pour qu'il ait les moyens d'acheter son entreprise. Sénateur Obama veut prendre son argent et le dépenser comme il l'entend.»

Obama a étayé ses propositions pour sortir le pays de la crise économique, associant au passage les idées de McCain à celles de Bush.

«Sénateur Obama, je ne suis pas le président Bush, a rétorqué McCain. Si vous vouliez faire campagne contre le président Bush, il fallait vous présenter il y a quatre ans.»

Son opposant a paru décontenancé par cette nouvelle ligne. «Je suis conscient que vous avez montré de l'indépendance, mais sur le fond des choses, vous proposez encore les mêmes choses que M. Bush», a-t-il dit.

Après avoir accusé Obama de mener la «campagne négative la plus coûteuse depuis le Watergate», McCain a soulevé «l'affaire Ayers», l'ex-poseur de bombes qui fait tant parler depuis deux semaines.

Obama a répondu calmement et avec assurance, égratignant son opposant au passage. «M. Ayers est devenu la pièce maîtresse de la campagne de John McCain, alors j'aimerais y répondre.»

Obama a rappelé qu'Ayers avait siégé avec lui à un comité financé par la fondation Annenberg, financée par un proche de Ronald Reagan.

Sur le fond, le démocrate a paru prendre le dessus en balayant les attaques de John McCain. «Je crois que les Américains sont moins intéressés à nos petites chicanes qu'à nos plans pour l'économie. Je suis capable d'endurer des attaques pendant trois semaines encore, mais les Américains ne peuvent endurer quatre autres années des politiques désastreuses», a-t-il dit, devant le public l'Université Hofstra de Hempstead, dans l'État de New York.

Les lignes d'attaque de McCain paraissaient floues et rataient parfois leur cible. Occupé à attaquer et à tenter de marquer des points, McCain paraissait moins «présidentiel» qu'Obama. Ce dernier s'adressait souvent à la caméra, et semblait plus calme et à l'aise avec le format de ce dernier débat, le 49e organisé depuis le début des primaires démocrates et républicaines l'an dernier.

Obama a été jugé vainqueur des deux premiers débats et possède une avance de 9 à 14 points de pourcentage au niveau national, selon les derniers sondages.

La crise économique semble être le seul sujet de préoccupation des électeurs cette année. Des groupes d'opinions sondés par les démocrates et les républicains ont montré qu'Obama avait l'avantage en matière d'économie. Certains électeurs ouvertement racistes ont dit qu'ils allaient appuyer Obama «simplement parce qu'ils sont incapables de voter pour un républicain», a rapporté le journaliste Ben Smith, hier, sur Politico.com

L'importance des débats

L'importance des débats ne fait pas l'unanimité chez les analystes politiques. Certains estiment que les débats ne changent rien à la course. D'autres leur accordent plus d'influence sur les électeurs indécis.

Hier, un sondage du New York Times a appuyé cette seconde hypothèse. Dans la course Obama-McCain, les débats semblent avoir joué énormément en la faveur d'Obama, qui a vu sa cote de popularité grimper depuis le premier duel.