Au lendemain d'un débat feutré qui ne lui a pas permis de réussir le knock-out dont il avait besoin, John McCain a tenté de relancer sa campagne présidentielle en remettant de nouveau en question l'honnêteté et l'expérience de Barack Obama.

Le ton agressif du candidat républicain a tranché avec celui de son rival, qui s'est évertué hier à présenter une vision optimiste et rassurante de ce qui attend les États-Unis au détour de la crise financière actuelle.

«Qui est le vrai sénateur Obama?» a demandé John McCain, reprenant une question qu'il avait formulée pour la première fois l'avant-veille.

«Est-il le candidat qui parle de réglementation ou le politicien qui a accepté l'argent de Fannie Mae et Freddie Mac, et fermé les yeux lorsqu'ils ont fait tomber notre économie dans le fossé?

«Est-il le candidat qui promet le changement ou le politicien qui a cédé à tout ce qui est mauvais à Washington? Nous ne pouvons pas changer le système avec quelqu'un qui n'a jamais combattu le système», a affirmé le sénateur de l'Arizona lors d'un discours à Bethlehem, ville industrielle de la Pennsylvanie, un État clé où il accuse un retard de plus en plus sérieux dans les sondages.

Dans une entrevue sur la chaîne Fox News, John McCain a également affirmé que son rival n'était pas prêt à devenir président.

De son côté, Barack Obama a choisi de prononcer son premier discours après le deuxième débat présidentiel dans l'Indiana, où les électeurs n'ont pas donné la victoire à un candidat démocrate à la Maison-Blanche depuis plus de 40 ans. Cette année, si l'on se fie aux sondages, ils pourraient faire une exception.

«Il y a de meilleurs jours à l'horizon », a déclaré le sénateur de l'Illinois devant une foule considérable à Indianapolis. «Ce n'est pas le temps de la peur ou de la panique. Je sais que nous pouvons sortir de cette crise. Parce que c'est ce que nous sommes. Parce que nous sommes les États-Unis d'Amérique.»

Les sondages

Le candidat démocrate n'a pas ignoré complètement les attaques de son adversaire républicain.

«Je peux encaisser les attaques de John McCain pendant quatre semaines de plus mais le peuple américain ne peut encaisser quatre autres années des politiques de Bush appuyées par John McCain», a-t-il déclaré.

Ces attaques et contre-attaques sont survenues au lendemain d'un débat au cours duquel, de l'avis général, John McCain n'a pas réussi à changer l'allure de la campagne à la Maison-Blanche à moins d'un mois du scrutin.

«Rien n'indique que le débat ait apporté quoi que ce soit pour changer le cours d'une campagne qui semble pencher en faveur d'Obama», a conclu le New York Times, formulant un commentaire répandu dans la presse américaine.

Quant au public, il a jugé que Barack Obama était sorti gagnant du deuxième débat présidentiel, s'il faut se fier aux sondages réalisés après le débat. C'est du moins ce qu'ont affirmé 54% des téléspectateurs interviewés dans le cadre d'une étude de CNN. Seuls 30% ont cru que John McCain avait remporté le duel.

Un sondage CBS mené auprès d'électeurs indécis est arrivé à un verdict semblable : 39% ont donné la victoire à Barack Obama contre 27% à John McCain. Le reste des indécis ont jugé qu'il y avait eu match nul.

John McCain était accompagné de sa femme Cindy et de sa colistière Sarah Palin à Bethlehem. Avant que le trio ne prenne la parole, le président du Parti républicain local a soulevé la foule en prononçant à deux reprises le nom complet du candidat démocrate - Barack Hussein Obama - sur le ton de la dérision. Un shérif de Floride avait fait la même chose l'avant-veille.

Un porte-parole du camp McCain a dénoncé hier ces références au nom complet de Barack Obama.