Le ton de la campagne américaine s'est durci ce week-end: les républicains n'ont pas hésité à accuser le démocrate Barack Obama de «copiner» avec des terroristes, dans une stratégie qui risque de déplaire aux électeurs américains préoccupés par la crise économique.

A trois jours du deuxième débat télévisé entre les deux candidats à la présidence américaine et à quatre semaines de l'élection, le 4 novembre, le camp de John McCain, à la traîne dans les sondages, a annoncé vendredi qu'il entamait une campagne «très offensive» contre le sénateur de l'Illinois.

Samedi, la candidate républicaine à la vice-présidence, Sarah Palin, a lancé les hostilités.

Chargée d'occuper le terrain pendant que son colistier prépare le débat dans son ranch à Sedona (Arizona), Sarah Palin a accusé le démocrate de «copiner avec des terroriste».

Elle faisait référence à un article du New York Times sur Bill Ayers un ancien militant contre la guerre du Vietnam qui avait lancé une campagne d'attentats aux Etats-Unis et dont la route a croisé celle de Barack Obama dans les années 80, lorsque Bill Ayers est devenu professeur.

Une attaque qualifiée de «ridicule», «désespérée», «malhonnête» et «immorale» par le camp démocrate.

«Le sénateur McCain et son équipe misent sur le fait qu'ils peuvent vous distraire avec des propos diffamatoires plutôt que de vous parler de l'essentiel», a répondu dimanche Barack Obama à Asheville en Caroline du Nord.

«Ils préfèrent démolir notre campagne que de remettre ce pays debout. C'est ce que vous faites quand vous êtes déconnecté, sans idées, et que vous manquez de temps», a-t-il ajouté.

Dimanche, Tucker Bounds, le porte-parole de John McCain, a réagi aux propos de M. Obama en assurant que «les quatre dernières semaines de cette élection montreront si les Américains veulent confier notre économie et notre sécurité nationale à Barack Obama, un homme au bilan maigre, au jugement discutable, et possédant des liens avec un terroriste impénitent William Ayers».

Par ailleurs, le Comité national du parti républicain (RNC) a annoncé dimanche qu'il allait déposer une plainte demandant à la Commission électorale (FEC) d'examiner le financement de la campagne de M. Obama qui selon eux aurait accepté des contributions indues au terme de la loi électorale américaine et notamment de provenance étrangère. Le camp Obama a immédiatement réagi en affirmant être allé «au delà des exigeances de transparence».

M. Obama a en outre critiqué dimanche les propos d'un des conseillers de M. McCain, Gregg Strimple, qui a affirmé vendredi avoir «hâte de tourner la page de la crise et de pouvoir discuter à nouveau le bilan très à gauche, agressivement à gauche de M. Obama».

«Nous sommes confrontés à la pire crise depuis la Grande dépression et John McCain veut que nous tournions la page des questions économiques?», a ironisé le sénateur de l'Illinois.

Les démocrates estiment que pendant les 15 jours de crise qui a secoué la finance et le Congrès américain John McCain s'est montré «lunatique», manifestant son «incompétence sur les questions économiques».

«Un jour le plan de sauvetage, un jour plus de plan de sauvetage, un jour je suspends ma campagne, le jour suivant non, un jour je vais au débat, le lendemain je n'y vais plus, le surlendemain, j'y vais», a ironisé dimanche Claire McCaskill, sénatrice démocrate du Missouri.

«L'équipe de campagne de John McCain n'a pas annoncé qu'elle allait passer les quatre prochaines semaines dans un campagne négative», a nuancé dimanche sur Fox Joe Lieberman, ancien candidat démocrate à la vice-présidence, aujourd'hui proche de John McCain. Pour lui, l'attaque de Mme Palin était «de bonne guerre».

Dimanche, le dernier sondage quotidien Gallup donnait le candidat démocrate en tête avec 50% des voix, contre 43% pour son adversaire républicain.