C'est un débat très attendu. L'expérimenté mais gaffeur sénateur démocrate Joseph Biden et la novice républicaine Sarah Palin s'affrontent jeudi devant les caméras à Saint Louis (Missouri), un «grand oral» qui s'annonce prometteur mais aussi à hauts risques pour chacun des deux candidats à la vice-présidence américaine.

Signe de l'intérêt suscité par le débat, quelque 3.100 accréditations ont été délivrées à la presse, un record pour un débat entre colistiers. Cet engouement s'explique notamment par le magnétisme de Sarah Palin, choisie à la surprise générale par John McCain fin août pour figurer en deuxième position du ticket républicain.Jusqu'ici méconnue, la très conservatrice gouverneure de l'Alaska a d'abord été perçue comme une brillante communicante après son discours d'acceptation qui a enflammé la convention républicaine de Saint Paul (Minnesota) le 3 septembre.

Mais elle est ensuite apparue beaucoup moins convaincante dans une série d'interviews télévisées, conduisant certains dans son camp à se demander si elle est vraiment prête pour briguer la vice-présidence. Lors de ces entretiens, celle qui avant d'être élue gouverneure en 2006 avait eu pour seule expérience politique d'avoir été maire de la petite ville de Wasilla (Alaska), s'est ainsi montrée incapable de décrire la doctrine de l'administration Bush en matière de politique étrangère.

Elle a également paru dépassée sur la question du plan de sauvetage du système financier américain et a semblé soutenir la position du démocrate Barack Obama sur la nécessité du lutter contre Al-Qaïda du Pakistan.

Une mauvaise prestation contre Biden, un spécialiste des questions de diplomatie et de défense, pourrait sérieusement affaiblir le ticket républicain, alors qu'une bonne performance pourrait lui permettre de retrouver son attrait initial. Mme Palin a cessé ses activités de campagne lundi pour se préparer dans le ranch de John MCain à Sedona (Arizona), où elle est «coachée» par des collaborateurs du candidat républicain.

L'expérimenté Joseph Biden, au Sénat américain depuis 35 ans, se préparait de son côté à son domicile de Wilmington (Delaware), où il pouvait compter sur l'aide de stratèges de la campagne d'Obama.

L'éphémère candidat à l'investiture démocrate, en 1988 et cette année, réputé sujet aux «gaffes», devra de son côté tenir sa langue. Il s'est fourvoyé lors d'une récente interview sur la crise financière, en déclarant: «lorsque le marché boursier s'est effondré, Franklin D.

Roosevelt est allé à la télévision et n'a pas seulement parlé des princes de la cupidité. Il a dit 'Ecoutez, voilà ce qui s'est passé'». En fait, c'est Herbert Hoover qui était président au moment du krach de 1929, et la radio, et non la télévision, était le média utilisé à l'époque.

Considéré comme un orateur prolixe, Joseph Biden devra également se plier à un format de débat court: après chaque question, les deux colistiers auront chacun 90 secondes pour répondre, suivi d'un mini-débat de seulement deux minutes. Le sénateur du Delaware devra aussi éviter les attaques trop brutales ou la condescendance, ce qui pourrait être interprété comme le signe d'un manque de respect à l'égard de sa rivale.

«Il a tendance, comme beaucoup de sénateurs, à parler avec condescendance. Et c'est un danger pour lui parce qu'il y a beaucoup de femmes dans le pays qui se sentent des affinités avec Palin», estime le stratège républicain Ed Rollins.

En tout cas, il n'y aura pas de session de rattrapage. Ce sera en effet l'unique face-à-face prévu entre postulants à la vice-présidence. Vendredi dernier, le premier des trois débats prévus entre Barack Obama et John McCain semble avoir donné un léger avantage au candidat démocrate dans les sondages. Les deux autres duels sont programmés les 7 et 15 octobre.