À un peu plus d'un mois de la présidentielle américaine, Barack Obama et John McCain se disent guidés par leur foi, une foi qui influence cependant différemment les prétendants démocrate et républicain à la Maison-Blanche, comme en témoignent les entretiens que tous deux ont accordés au magazine «Catholic Digest» et dont les principaux extraits sont publiés dans le quotidien «La Croix» de lundi.

  «Je suis déterminé à sauvegarder le rêve américain pour les générations futures», affirme Barack Obama, qui précise que sa «foi chrétienne influe sur tout ce qu'(il) fait». «Elle m'a aidé à façonner mes valeurs et mes idées», «ma vie de prière est très importante à mes yeux», elle «me rend plus fort et me guide tout au long de la journée», souligne-t-il.

«Je ne pense pas que le président doive se garder d'appliquer dans le travail qui lui incombe les principes qui sont importants pour lui», mais «ce qu'un président ne peut pas faire dans une démocratie parlementaire, c'est imposer ses croyances religieuses aux dépens des autres croyances», ajoute le sénateur de l'Illinois. À ses yeux, «on a besoin d'une éthique qui permette de faire le tri entre des exigences et des intérêts divergents».

«Parmi toutes les pierres sur lesquelles nous construisons nos vies, en plus de Dieu, la famille est la plus importante», explique encore le candidat démocrate à la présidentielle, qui dit s'être «efforcé de mettre en pratique dans (son) travail les principes de compassion et d'attention aux plus vulnérables qui sont au coeur de l'enseignement de l'Eglise catholique».

Barack Obama déclare avoir été le «témoin de la contribution extraordinaire des organisations religieuses en matière d'aide aux personnes». «C'est pourquoi, quand je serai président, j'appellerai une série de partenaires à se joindre à ce travail d'aide à la construction du bien commun», dit-il. «Les problèmes que nous affrontons sont trop vastes pour une seule entité. Nous avons besoin de toutes les mains disponibles». Et si le sénateur de l'Illinois est favorable à l'avortement, il précise qu'il faut faire «tout ce qui est possible pour réduire les grossesses involontaires et soutenir les femmes qui choisissent d'avoir un enfant».

De son côté, John McCain explique que la foi a joué un grand rôle dans sa vie, bien avant son entrée en politique, notamment quand il était prisonnier de guerre au Vietnam. «C'est grâce à elle que je suis ici aujourd'hui», affirme le sénateur de l'Arizona. «Être guidé par sa foi est très important à mes yeux. Tout comme essayer de vivre en accord avec les valeurs judéo-chrétiennes qui ont inspiré nos ancêtres et qui m'inspirent chaque jour», dit-il, souhaitant que «chaque famille américaine ait le choix» qu'il a eu avec son épouse Cindy. «Nous avons envoyé certains de nos enfants dans une école catholique car nous avions la possibilité de le faire. Je veux que chaque Américain ait cette alternative», déclare-t-il, estimant que «les écoles sous contrat et le système des bons doivent» ainsi «faire partie de toute réforme véritable du système éducatif».

Précisant que son message aux électeurs américains est qu'il «mettra (son) pays en premier», le candidat républicain déclare que son «pays a toujours été plus important» que son «parti et que la politique». «Je pense que c'est ce que les Américains veulent avec force aujourd'hui», précise-t-il, plaidant pour la suppression des «dépenses inutiles qui ont corrompu Washington».

Interrogé par ailleurs sur l'Irak, il déclare pouvoir désormais «affirmer que nous avons réussi. Nous gagnerons cette guerre, et je sais comment une guerre se gagne», assure John McCain.