Le premier débat télévisé entre les candidats démocrate et républicain à la Maison Blanche, Barack Obama et John McCain, vendredi soir, était toujours suspendu, une douzaine d'heures avant le début de cet événement, au bon vouloir du sénateur de l'Arizona.

M. McCain laissait toujours planer le doute sur sa participation à ce débat qui devait être retransmis sur la plupart des grands réseaux télévisés américains et est considéré comme un événement majeur de la campagne présidentielle américaine. «Aucune décision» n'avait été prise vendredi matin, selon son équipe de campagne.M. Obama quant à lui devait quitter Washington en fin de matinée pour Oxford (Mississippi, sud) où est prévu le débat.

Le directeur de communication de M. Obama, Robert Gibbs, a dénoncé vendredi matin une «opération publicitaire» de M. McCain.

Après avoir affirmé au début de la crise du système financier que «les fondamentaux de l'économie étaient solides», M. McCain a brusquement décidé mercredi de suspendre sa campagne pour s'occuper de cette crise et a réclamé un report du débat. Cette annonce est survenue alors que plusieurs sondages décelaient une baisse sensible des intentions de vote en faveur du sénateur de l'Arizona.

Il restait vendredi 39 jours avant l'élection présidentielle du 4 novembre.

Les deux candidats à la présidence des Etats-Unis se sont retrouvés jeudi à la Maison Blanche, à l'initiative du président George W. Bush, pour discuter des moyens de trouver une solution à la crise du système financier.

Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a proposé un plan de sauvetage prévoyant d'injecter 700 milliards de dollars dans le système bancaire américain.

Le président George W. Bush devait lui-même faire une déclaration vendredi à 09h35 consacrée aux négociations sur le plan.

Plusieurs médias américains rapportaient vendredi que M. McCain était resté silencieux pendant une quarantaine de minutes au cours de cette réunion avant, selon le New York Times, de tenir quelques vagues propos sur le plan de sauvetage négocié par le Congrès.

La réunion s'est terminée sans accord, le chef de de file des républicains à la Chambre des représentants, John Boehner, décidant de surprendre l'assemblée en exprimant l'opposition de ses troupes et en présentant son propre plan de sauvetage.

M. McCain avait rencontré plus tôt dans la journée les républicains de la Chambre, dont plusieurs se sont soulevés contre l'accord de principe annoncé jeudi par les négociateurs du Congrès.

Selon les démocrates, Boehner et les républicains de la Chambre ont fait dérailler l'entente de principe pour aider le sénateur McCain.

Christopher Dodd, président de la commission des Affaires bancaires du Sénat, s'est plaint que les nouvelles objections soulevées par les républicains semblaient participer d'une volonté de sauver la campagne de John McCain avant l'économie américaine.

John McCain s'est dit confiant qu'un accord puisse intervenir vendredi pour lui permettre de participer au débat présidentiel.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a assuré sur la chaîne ABC que l'accord sur le plan «se fera(it) parce que cela doit se faire», ajoutant, «j'espère que nous pourrons parvenir à un accord dans les prochaines 24 heures afin de pouvoir rédiger un projet de loi et le proposer au vote. C'est vraiment entre les mains des républicains», a-t-elle estimé.

Le sénateur républicain Chuck Shelby de la commission bancaire a lui redit vendredi sur ABC qu'il avait de «profondes réserves» à l'égard du plan.

Il a indiqué détenir une lettre de 200 experts économistes des plus grandes universités américaines, «affirmant que la structure du plan Paulson est une erreur».

Le débat présidentiel devait se dérouler à l'université du Mississippi (sud) à Oxford à 20 heures locales et durer 90 minutes. Il devait être consacré aux questions internationales et de sécurité nationale mais il est probable que la crise financière serait abordée.