Barack Obama a appelé lundi Benyamin Nétanyahou à prendre des décisions «difficiles» pour la paix au Proche-Orient, mais le Premier ministre israélien lui a répondu que les Palestiniens n'avaient pas rempli leurs obligations dans ce processus.

«Je pense qu'il est toujours possible de créer deux États, un État juif d'Israël et un État de Palestine dans lequel les gens vivront côte à côte dans la paix et la sécurité», a affirmé M. Obama au début d'une réunion avec M. Nétanyahou dans le Bureau ovale.

«Mais c'est difficile et cela requiert des compromis de tout le monde», a ajouté le président américain, en notant que la date butoir de la fin des négociations directes avec les Palestiniens se rapprochait. «Il va falloir prendre certaines décisions difficiles», a-t-il ajouté.

De son côté, le dirigeant israélien a estimé que contrairement à son pays, les Palestiniens n'avaient pas fait le nécessaire dans ce dossier.

«Les 20 ans qui se sont écoulés depuis qu'Israël est entré dans le processus de paix ont été marqués par des mesures sans précédent prises par Israël pour faire progresser la paix. Nous nous sommes retirés de villes en Judée et Samarie (Cisjordanie, NDLR). Nous avons totalement évacué Gaza. Nous n'avons pas seulement gelé des colonies, nous avons démantelé des colonies entières. Nous avons libéré des centaines de terroristes, dont des dizaines ces derniers mois», a-t-il énuméré.

«Et quand vous regardez ce que nous avons eu en retour, ce sont de très nombreux attentats suicide, des milliers de roquettes tirées sur nos villes depuis les zones que nous avons évacuées, et sans arrêt des incitations à la haine des Palestiniens contre Israël. Donc Israël a fait ce qu'il devait, et je suis désolé de le dire, mais les Palestiniens n'ont pas fait de même», a-t-il poursuivi.

Signe de priorités différentes entre les deux dirigeants qui entretiennent en outre des relations personnelles peu chaleureuses, M. Nétanyahou a parlé d'emblée de l'Iran.

«Le plus important défi, sans aucun doute, est d'empêcher l'Iran de se doter de la capacité d'élaborer des armes nucléaires», a assuré le dirigeant en appelant à démanteler totalement les installations nucléaires de Téhéran.

M. Nétanyahou exprime depuis des mois son inquiétude vis-à-vis de la tournure des pourparlers entre les grandes puissances et l'Iran après qu'un accord intérimaire eut été trouvé en novembre sur le programme nucléaire de la république islamique.

M. Nétanyahou a quitté la Maison-Blanche peu avant 16h45, soit près de trois heures après son arrivée.

Kerry rejette le boycottage 

Mobilisé pendant le week-end par l'intervention russe en Ukraine, l'une des pires crises de politique étrangère qu'il ait dû gérer, M. Obama s'est retrouvé avec M. Nétanyahou en terrain plus balisé mais face à un dossier, le processus de paix israélo-palestinien, qui lui résiste depuis son arrivée au pouvoir il y a cinq ans.

Les pourparlers de paix, qui ont repris en juillet 2013 après quasiment trois ans d'interruption, sont censés déboucher d'ici au 29 avril sur un «accord-cadre» traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les questions dites de «statut final»: les frontières, les colonies, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés palestiniens.

Mais les discussions n'ont pas enregistré d'avancées concrètes et le secrétaire d'État John Kerry a fait savoir que les discussions se poursuivraient probablement au-delà de la date-butoir.

Dans un entretien publié dimanche par Bloomberg, le président américain avait mis en garde son hôte au sujet de la «construction accélérée dans les colonies» et estimé que «si les Palestiniens arrivent à la conclusion qu'un État palestinien souverain et contigu n'est plus possible, alors notre capacité à gérer les conséquences internationales sera limitée».

Selon des statistiques officielles israéliennes publiées lundi, le nombre de mises en chantier de logements dans les colonies juives de Cisjordanie occupée a plus que doublé en 2013 par rapport à 2012.

M. Kerry avait déjà provoqué l'ire de la droite israélienne en mettant en garde début février contre les risques de boycottage d'Israël si ce dernier ne concluait pas rapidement la paix.

Lundi soir, devant le lobby pro-Israélien AIPAC réuni à Washington, où M. Nétanyahou doit s'exprimer mardi, M. Kerry devait rejeter tout appel au boycottage, selon des extraits de son intervention.

«Nous sommes arrivés à un moment de l'histoire qui demande aux États-Unis (...) de tout faire pour aider à mettre fin à ce conflit une fois pour toutes», devait-il aussi déclarer.

Le négociateur en chef palestinien, Saëb Erakat, attendu mardi à Washington, a salué les déclarations de M. Obama à Bloomberg, qualifiant d'«illusion» l'idée selon laquelle la colonisation améliorerait la sécurité d'Israël. «Nétanyahou doit le comprendre. C'est la vérité».

M. Obama recevra le 17 mars le président palestinien Mahmoud Abbas.