Le ministre israélien de l'Économie Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer Juif, a présenté mercredi soir des excuses publiques au Premier ministre Benyamin Nétanyahou afin de rester au gouvernement.

Selon les médias, M. Nétanyahou aurait sommé son ministre, proche des colons, de faire amende honorable après avoir vivement critiqué le Premier ministre sur la question de la colonisation, sous peine de devoir quitter la coalition au pouvoir.

Cette querelle interne survient au moment où le secrétaire d'État américain John Kerry fait le forcing pour rallier Israéliens et Palestiniens à son projet d'«accord-cadre» qui tracerait les grandes lignes d'un règlement définitif sur les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens.

Fervent partisan de la colonisation, M. Bennett est catégoriquement opposé à un tel plan et à la solution dite à deux États (israélien et palestinien) prônée par M. Kerry.

«Certains tentent de transformer un débat de fond sur l'avenir de notre pays et de sa sécurité en une attaque personnelle qui n'a jamais eu lieu et si le Premier ministre a été blessé, j'en suis vraiment désolé», a expliqué M. Bennett, lors d'un congrès sur l'éducation à la mer Morte.

La crise entre les deux dirigeants avait éclaté lundi lorsque Naftali Bennett avait évoqué «une totale perte des valeurs» à la suite de déclarations de M. Nétanyahou sur l'éventualité que des colons puissent rester vivre dans le futur État palestinien.

«Je n'ai l'intention de démanteler aucune colonie, ni de déraciner aucun Israélien», dans le cadre d'un accord de paix, a déclaré M. Nétanyahou la semaine dernière au Forum économique de Davos, en Suisse.

Selon des informations de presse, le bureau du Premier ministre a ensuite précisé que M. Nétanyahou envisageait ainsi que les colons habitant hors des blocs d'implantations qu'Israël compte annexer puissent rester sur place, mais sous souveraineté palestinienne.

Selon les médias, M. Nétanyahou aurait alors présenté mercredi un ultimatum au chef du Foyer Juif, menaçant de le renvoyer du gouvernement si ce dernier ne présentait pas d'excuses avant dimanche.

M. Bennett a assuré «soutenir le Premier ministre quand il le faut et le critiquer lorsque c'est nécessaire».

«C'est mon devoir de faire disparaître de l'ordre du jour cette idée dangereuse de souveraineté palestinienne sur des citoyens israéliens», a-t-il insisté.

Le Foyer juif, avec ses 12 députés, est l'un des principaux éléments de la coalition gouvernementale mais a toujours affirmé qu'il quitterait le gouvernement en cas de décision d'évacuer des implantations de Cisjordanie.

L'aile la plus radicale de la formation de M. Bennett a appelé à une prière collective jeudi après-midi devant le Mur des Lamentations à Jérusalem pour protester contre le plan de John Kerry et «implorer la miséricorde divine devant les dangers qui menacent de déchirer des parties de notre terre».

Situé à droite de la droite, Naftali Bennett, ancien chef de cabinet de M. Nétanyahou, du temps où ce dernier était chef de l'opposition, entretient des relations complexes avec son ancien patron.

Les médias israéliens évoquent régulièrement l'hypothèse d'un départ - de gré ou contraint - du Foyer Juif de la coalition gouvernementale pour laisser la place au Parti travailliste, aujourd'hui dans l'opposition, bien plus modéré et qui souhaite un accord de paix avec les Palestiniens, dans le cadre d'un recentrage du gouvernement Nétanyahou.