Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé qu'un retrait israélien devrait intervenir dans les trois ans suivant un accord de paix, selon des déclarations diffusées mardi.

«Ceux qui proposent un délai de 10 à 15 ans (avant un retrait) ne veulent pas, en réalité, de ce retrait», a déclaré le président palestinien, dans une interview accordée à l'Institut pour les études sur la sécurité nationale (INSS) et retransmise lors de la conférence annuelle de l'INSS à Tel-Aviv.

«Nous disons que dans un délai raisonnable, n'excédant pas trois ans, Israël peut procéder à un retrait graduel», a-t-il précisé.

Les médias ont fait état de propositions américaines de maintien de forces israéliennes aux frontières entre la Cisjordanie, censée former la majeure partie d'un futur État palestinien, et la Jordanie pendant 10 ou 15 ans après la signature d'un traité de paix.

«Nous ne voyons pas de problème à la présence d'une force tierce pendant et après le retrait pour rassurer Israël et pour nous assurer que le processus est mené jusqu'au bout», a ajouté M. Abbas, estimant que «l'OTAN serait l'acteur approprié pour mener cette mission».

«Les frontières palestiniennes doivent, en dernier ressort, être tenues par les Palestiniens et non par l'armée israélienne», a-t-il insisté.

Mais dans la soirée, prenant la parole devant l'auditoire de l'INSS, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réitéré sa demande qu'un État palestinien soit démilitarisé et qu'Israël puisse y garder à long terme des troupes dans la vallée du Jourdain, rejetant le déploiement d'une force internationale.

«Un accord permettrait à Israël d'être reconnu par 57 pays musulmans, une reconnaissance, claire, nette et sans ambiguïté entre ces pays et Israël», avait auparavant plaidé le président palestinien, en allusion à l'initiative de paix de la Ligue arabe, lancée en 2002.

«J'espère que le peuple israélien comprend ce que cela ferait d'être dans un océan de paix, de la Mauritanie à l'Indonésie, plutôt que d'être sur une île de paix, comme c'est le cas actuellement», a-t-il ajouté.

M. Abbas a conclu en disant qu'il serait «heureux» de rencontrer M. Netanyahu en personne, dans le cadre d'une visite réciproque aux Parlements israélien et palestinien.

De son côté, le premier ministre israélien a demandé de nouveau aux Palestiniens de «reconnaître l'État juif», ce à quoi ils s'opposent au nom du droit au retour des réfugiés.

«Nous voulons poursuivre les négociations pour parvenir à un accord, mais je ne sais pas si les dirigeants palestiniens sont prêts à faire les concessions nécessaires. Nous le saurons dans un proche avenir», a prédit M. Netanyahu.

S'exprimant lors de cette conférence, le ministre israélien de l'Économie Naftali Bennett a rejeté toute demande territoriale palestinienne.

«Nos ancêtres ne pardonneront jamais à un dirigeant israélien qui divisera notre terre et notre capitale», a dit M. Bennett, qui dirige le Foyer juif, un parti religieux nationaliste, dans une mise en garde à peine voilée au premier ministre israélien.

M. Bennett a aussi critiqué les efforts américains pour parvenir à un accord de paix entre Israël et les Palestiniens.

«L'État d'Israël est devenu une sorte de laboratoire pour la diplomatie internationale», a-t-il déploré.

Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry a réussi à relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes fin juillet pour une durée de neuf mois.

Malgré sa détermination, M. Kerry, qui a effectué dix voyages dans la région depuis mars 2013, n'a jusqu'à présent pas réussi à convaincre les deux camps de se rallier à un plan de paix.