Le secrétaire d'État américain John Kerry s'évertuait mercredi à empêcher une crise entre Israéliens et Palestiniens sur la colonisation de dégénérer en effondrement des négociations de paix.

«Ce n'est pas une mission impossible», a estimé M. Kerry lors d'une rencontre à Jérusalem avec le président israélien Shimon Peres.

«Comme dans n'importe quelle négociation, il y aura des hauts et des bas», avait-il relativisé auparavant, se disant convaincu que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas étaient «déterminés à oeuvrer» à une paix durable.

Les négociations de paix ont repris fin juillet, après quasiment trois ans d'interruption, en raison des profonds désaccords sur les principales questions litigieuses, telles les termes de référence des pourparlers et la colonisation juive des Territoires palestiniens.

Elles se déroulent dans une atmosphère de crise et, malgré une vingtaine de rencontres, courent à l'échec à moins d'une intervention décisive du médiateur américain, selon responsables palestiniens et médias israéliens.

La dernière complication est venue des déclarations de hauts responsables israéliens selon lesquelles les dirigeants palestiniens et les États-Unis auraient consenti tacitement à une relance de la colonisation, qui constituerait une contrepartie à la libération de prisonniers palestiniens.

Ces affirmations ont suscité des démentis palestinien et américain.

«Israël prétend qu'il existe un accord sur la poursuite de la colonisation en échange de la libération du dernier contingent de prisonniers, c'est absolument faux et la délégation palestinienne l'a exposé devant la partie américaine», a expliqué à l'AFP un haut responsable palestinien sous le couvert de l'anonymat.

«Nous considérons maintenant et avons toujours considéré que les colonies étaient illégitimes», a dit M. Kerry à l'issue d'une rencontre avec M. Abbas à Bethléem, en Cisjordanie.

Il a tenu à souligner que la connaissance par les dirigeants palestiniens et les États-Unis des projets de colonisation israéliens ne valait pas approbation.

«Je veux dire très clairement qu'à aucun moment les Palestiniens n'ont de quelque manière que ce soit consenti lors de la reprise des pourparlers à entériner ou accepter la colonisation», a-t-il

«Bonne foi» et discrétion

Au lendemain de l'annonce par un responsable palestinien de la suspension des discussions face à «une offensive de colonisation sans précédent», M. Nétanyahou a affirmé mercredi que «les Palestiniens continuaient à créer des crises artificielles».

«Nous respectons scrupuleusement les termes de l'accord et l'entente à partir de laquelle nous avons lancé les négociations», a-t-il assuré avant sa rencontre de trois heures avec M. Kerry dans la matinée à Jérusalem.

Il faisait référence à l'acceptation il y a trois mois par Israël de l'exigence palestinienne de la libération par étapes de 104 prisonniers, alors que celle d'un gel de la colonisation avait été rejetée.

Les négociateurs israéliens ont en outre reproché à leurs interlocuteurs palestiniens des «fuites» sur la question de Jérusalem, selon les médias israéliens. La dernière rencontre entre les négociateurs, mardi soir à Jérusalem, a été houleuse.

«Il nous reste six mois sur le calendrier que nous nous sommes fixé et je suis confiant dans notre capacité à faire des progrès», a souligné M. Kerry, appelant les deux parties à faire preuve de «bonne foi».

«Nous avons besoin d'espace pour négocier en privé, secrètement et tranquillement, et nous allons continuer à le faire», a dit le responsable américain, qui a imposé aux parties le silence médiatique sur le contenu des discussions.

Dans la bande de Gaza gouvernée par le mouvement islamiste Hamas, hostile aux négociations avec Israël, quelques centaines de Palestiniens ont manifesté contre la visite de M. Kerry.

Outre un gel de la colonisation, les négociateurs palestiniens réclament que les discussions se tiennent sur la base des lignes antérieures au début de l'occupation israélienne de Jérusalem-Est, la Cisjordanie et Gaza en 1967, avec des échanges de territoires équivalents.

Mais Israël veut que le tracé de la barrière de séparation en Cisjordanie, qui isole 9,4% du territoire palestinien serve de base à ces discussions, selon les médias israéliens.

En outre, Israël exige de maintenir une présence militaire dans la vallée du Jourdain, ce que refusent les Palestiniens.

Après sa visite à Jérusalem dans le cadre d'une tournée régionale, M. Kerry est attendu jeudi en Jordanie.

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