Les négociateurs israéliens et palestiniens étaient réunis mercredi soir à Jérusalem pour un nouveau round de négociations de paix après un gel de trois ans, a indiqué la presse israélienne.

Ces pourparlers se déroulent dans la plus totale discrétion et le bureau de la négociatrice israélienne Tzipi Livni avait prévenu auparavant qu'il n'y aurait ni communiqué ni photo.

Selon la télévision et des sites de journaux, les négociateurs se sont retrouvés aux alentours de 19h00 à Jérusalem dans un endroit non précisé.

«Ce soir les deux parties vont tenter de terminer les discussions sur le cadre des négociations pour commencer à s'occuper des questions clé lors de la prochaine rencontre prévue à Jéricho (en Cisjordanie) dans les deux semaines à venir», a indiqué la Chaîne 10, une télévision privée.

La radio publique a indiqué à 22h00 que la rencontre était toujours en cours.

La reprise des négociations de paix est le fruit d'intenses efforts du secrétaire d'État américain John Kerry, qui avait réuni les deux parties pour une première rencontre à Washington le 30 janvier.

Les discussions doivent être menées par Mme Livni, la ministre de la Justice israélienne, et le négociateur palestinien Saëb Erakat mais, selon le correspondant diplomatique du journal Haaretz et la télévision publique, contrairement aux attentes, l'envoyé spécial américain Martin Indyk ne participe pas aux pourparlers.

Tôt mercredi matin, Israël a libéré 26 prisonniers palestiniens de longue date, sur un total de 104 détenus condamnés -pour la plupart pour le meurtre d'Israéliens- qui doivent être relâchés au cours des neuf mois de négociations prévus.

Mais la question de la colonisation juive est venue assombrir les perspectives de ces pourparlers.

Peu avant le coup d'envoi des négociations, le ministre israélien du Logement, Uri Ariel, a annoncé la construction dans l'année à venir «de milliers» de logements supplémentaires dans les colonies israéliennes de Cisjordanie.

«Personne ne dictera là où nous pouvons construire», a insisté M. Ariel, membre du «Foyer juif», un parti nationaliste religieux opposé à la création d'un État palestinien.

Il a précisé que ces constructions auraient lieu dans des colonies isolées et pas seulement dans les blocs d'implantation où vivent la majorité des 360 000 colons installés en Cisjordanie occupée.

Les dirigeants israéliens entendent annexer ces grands blocs de colonies dans le cadre d'un accord avec les Palestiniens, alors que les colonies isolées pourraient être démantelées.

Dimanche et mardi, Israël avait déjà provoqué la colère des Palestiniens en autorisant la construction d'un total de 2129 logements à Jérusalem-Est annexée et en Cisjordanie occupée.

«La colonisation menace de provoquer l'effondrement des négociations avant même qu'elles ne débutent», a prévenu mardi le haut responsable palestinien Yasser Abed Rabbo.

M. Kerry, tout en répétant que les colonies sont «illégitimes», a néanmoins affirmé que le président palestinien, Mahmoud Abbas, était «engagé à poursuivre les négociations parce qu'il croit que la négociation est ce qui permettra de résoudre ce problème».

Selon les médias israéliens, l'annonce des constructions dans les implantations a été décidée pour calmer l'aile dure de la coalition du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou qui fait pression pour poursuivre la colonisation afin de rendre impossible tout retrait de Cisjordanie ou toute concession sur Jérusalem-Est.

Pour dissiper les tensions, M. Kerry a appelé le président palestinien Mahmoud Abbas tard mardi soir, a indiqué un responsable palestinien à l'AFP.

La presse était d'ores et déjà sceptique quant aux chances de succès, comme le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot.

«Les sujets qui sont au coeur du conflit sont bien connus, comme les positions de M. Netanyahu» et du président palestinien Mahmoud Abbas, écrit le commentateur Simon Shiffer.

«Aucun des deux n'a l'intention de transiger. C'est pourquoi ce qui va se passer dans les mois à venir va être une répétition de ce qui s'est déjà passé: un échange d'accusations et des tentatives de faire porter à l'autre la responsabilité d'un échec des négociations», indique-t-il.

Lancées en secret en 1993, les négociations de paix n'ont pas permis d'ouvrir la voie à un règlement définitif du conflit vieux d'une soixantaine d'années.

Parmi les questions à régler figurent les frontières d'un futur État palestinien, les arrangements de sécurité, le sort des colonies, l'avenir de Jérusalem-Est et le sort des réfugiés palestiniens.

L'objectif principal des négociations est de parvenir à une solution à deux États, israélien et palestinien.

Côté palestinien, le Hamas, qui contrôle Gaza, s'oppose aux négociations menées par l'Autorité palestinienne de M. Abbas dont il conteste la représentativité.