Après trois ans de blocage, c'est demain à Jérusalem que doivent reprendre les pourparlers entre Israéliens et Palestiniens. Lors d'une ronde préparatoire tenue il y a deux semaines à Washington, le secrétaire d'État américain, John Kerry, a dit viser un objectif très ambitieux: un accord de paix d'ici neuf mois. À deux jours de la rencontre, Israël a envoyé hier des signaux contradictoires. Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a annoncé la libération de 26 prisonniers palestiniens, mais a aussi autorisé de nouvelles constructions dans les colonies juives de Cisjordanie, soulevant la colère de bien des observateurs. Voici cinq enjeux qui pourraient bien être abordés.

Les frontières

Les négociations qui s'amorcent seront basées sur la création de deux États dans la région, l'un israélien, l'autre palestinien. Benyamin Nétanyahou s'est prononcé en faveur de cette solution, mais des membres de son propre parti s'y opposent. Pour parvenir à une entente sur les frontières, Nétanyahou a dit publiquement qu'Israël devra se retirer en partie de la Cisjordanie. Les Palestiniens veulent, quant à eux, négocier sur la base que les territoires conquis par Israël en 1967 - la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est - feront partie du futur État palestinien.

Jérusalem

Les Israéliens considèrent que Jérusalem leur appartient en totalité. «Complète et unifiée, Jérusalem est la capitale d'Israël», stipule la loi israélienne. Mais les Palestiniens veulent établir la capitale de leur futur État à Jérusalem-Est, un territoire gagné par Israël sur la Jordanie en 1967. Même si les États-Unis n'ont jamais reconnu cette annexion, le président Barack Obama a déjà déclaré que diviser Jérusalem serait «très difficile à réaliser».

Les colonies

L'établissement de colonies juives en Cisjordanie soulève la colère des Palestiniens et suscite régulièrement les critiques de la communauté internationale. Encore hier, Benyamin Nétanyahou a lancé un appel d'offres pour construire 1200 logements dans les colonies juives. L'Union européenne a tout de suite rappelé qu'elle considérait ces colonies comme "illégales". «Ces colonies risquent de rendre impossible une solution à deux États», a dit hier un porte-parole européen. Les Palestiniens demandent soit le démantèlement des colonies, soit l'obtention de terres équivalentes pour compenser celles qui resteraient en place.

La sécurité

Israël craint qu'un futur État palestinien ne tombe aux mains du Hamas, qui contrôle déjà la bande de Gaza. Le Hamas ne reconnaît pas la légitimité d'Israël, et Israël considère le mouvement comme une organisation terroriste. Ces craintes incitent le gouvernement israélien à demander qu'un futur État palestinien soit largement démilitarisé. Israël veut aussi assurer lui-même la sécurité dans une grande partie de la région. Les Palestiniens demandent, quant à eux, un État "normal".

Les réfugiés

Les Palestiniens demandent un «droit de retour» pour les leurs qui ont été expulsés de leurs terres lors des guerres précédentes. Le gouvernement israélien refuse de laisser entrer ces Palestiniens sur son territoire, affirmant qu'Israël est un "État juif» et que la manoeuvre vise à le déstabiliser démographiquement. L'idée que le droit de retour pourrait être compensé plutôt qu'accordé tel quel est discuté par les Palestiniens.