Malgré les prudentes déclarations officielles, la relance du processus de paix israélo-palestinien sera un élément essentiel de la première visite sur place du président américain Barack Obama, qui capitalise ainsi sur le recentrage des Israéliens lors des récentes élections.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain a annoncé mardi soir la première visite au printemps de M. Obama en Israël en tant que président des États-Unis pour discuter avec le Premier ministre Benyamin Nétanyahou de «la marche à suivre à propos de beaucoup de sujets d'intérêts commun, dont l'Iran et la Syrie».

La Maison-Blanche a également précisé qu'il se rendrait également dans les Territoires palestiniens et en Jordanie.

L'ambassadeur américain en Israël, Dan Shapiro s'est lui aussi montré discret sur ce sujet dans une interview mercredi à la radio israélienne, ne mentionnant «la nécessité de pousser Israël et les Palestiniens à retourner à la table des négociations» qu'après l'Iran et la Syrie, dans l'ordre du jour de la visite.

Mais la proximité de la visite avec celle attendue du secrétaire d'État John Kerry en Israël et dans les Territoires palestiniens ce mois-ci laisse peu de doute sur la volonté du président américain de relancer le processus de paix, enlisé depuis septembre 2010.

Sans illusion, le président palestinien Mahmoud Abbas a indiqué espérer que cette visite marque le «début d'une nouvelle politique américaine», tandis qu'une dirigeante palestinienne, Hanane Achraoui, l'a «saluée si elle annonce une promesse américaine de devenir un médiateur de paix honnête et impartial».

La prudence officielle américaine vise manifestement à minimiser les attentes sur l'épineux dossier israélo-palestinien, dans lequel M. Obama s'est enferré au début de son premier mandat, avant de s'en détourner.

En pleines tractations post-électorales

«Le président entend donner une impulsion - peut-être la dernière ? - pour relancer le processus de paix», écrit mercredi l'analyste politique du quotidien israélien Maariv.

«L'électeur israélien s'est déplacé vers le centre. Le Premier ministre, selon toutes les analyses à Washington, est à la merci des partis centristes qui ont une approche beaucoup plus modérée» envers les Palestiniens que la coalition sortante, explique-t-il, en référence aux partis de Yaïr Lapid, deuxième formation au Parlement, et de l'ex-ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni.

La liste de M. Netanyahu a remporté les élections du 22 janvier, mais moins nettement que prévu, en raison notamment de la percée du parti de M. Lapid, l'obligeant à se chercher des alliés au centre.

«Le nouveau gouvernement, et avec lui toute la population israélienne, consacrera les prochaines semaines à discuter des aspects politiques du conflit israélo-palestinien. Barack Obama presse Benyamin Nétanyahou de trouver des solutions et il n'y a pas de place pour des faux-fuyants», affirme un éditorialiste dans le Yediot Aharonot.

Selon une commentatrice du même journal, «ce n'est pas un hasard si la Maison-Blanche a annoncé la visite au milieu des tractations pour former une coalition. L'administration américaine indique à Lapid et Livni qu'il est temps d'entrer au gouvernement parce que le président est sérieux (...) et a besoin d'eux à l'intérieur» de la prochaine coalition.

Un message parfaitement reçu par Mme Livni, qui avait conduit les négociations avec les Palestiniens dans le gouvernement d'Ehud Olmert (2006-2008).

Chef de file d'un des partis à avoir le plus insisté pendant la campagne sur la nécessité de reprendre les négociations avec les Palestiniens, elle a été la première responsable politique israélienne à saluer mardi soir l'annonce de la visite du président américain.