Israël s'apprête à lancer un nouveau projet de construction massive dans un quartier de colonisation de Jérusalem-Est annexée, en dépit d'une opposition internationale croissante à sa politique de faits accomplis.

La municipalité a indiqué dans un communiqué que le projet de construction a été avancé par l'Office du Développement de Jérusalem, un organisme officiel, et confié à des entrepreneurs privés.

Ce plan porte sur 1400 logements dans l'implantation de Gilo, dans la partie sud-est de la Ville sainte, a révélé dimanche la radio militaire israélienne.

Selon elle, le projet en cours d'autorisation, pourrait recevoir l'aval de la commission de planification urbaine dès la semaine prochaine.

Les Palestiniens ont aussitôt dénoncé cette nouvelle impulsion donnée à la colonisation, par la voix de leur principal négociateur Saëb Erakat.

«Nous condamnons fermement la poursuite de l'escalade israélienne dans la colonisation visant à imposer des faits accomplis sur le terrain», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Je pense qu'il est grand temps que l'administration américaine tienne officiellement le gouvernement israélien responsable de l'effondrement du processus de paix», a-t-il ajouté.

Dans le même sens, le mouvement antioccupation israélien, La Paix Maintenant, a protesté contre le plan et espéré qu'il ne soit pas mis en oeuvre.

«Nous sommes très préoccupés par ces nouvelles constructions. Non seulement elles vont ruiner toute chance d'un accord sur Jérusalem avec les Palestiniens, mais elles risquent de poser un problème à Israël en minant sa légitimité sur la scène internationale», a déclaré à l'AFP le secrétaire général du mouvement, Yariv Oppenheimer.

«Il ne fait aucun doute qu'un feu vert à ces constructions portera un coup de grâce au processus de paix avec les Palestiniens», relancé le 2 septembre à Washington puis gelé trois semaines plus tard suite au refus d'Israël de prolonger un moratoire sur la construction de colonies en Cisjordanie, a déclaré à la radio militaire le conseiller municipal Méir Margalit du parti Meretz (gauche).

«Gilo est partie intégrante de Jérusalem. Il ne peut y avoir aucun débat en Israël sur la construction dans ce quartier», a répliqué le conseiller municipal, Elisha Peleg du parti Likoud (droite) du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Pour sa part le ministre de la Science et de la Technologie Daniel Herschkowitz, du parti nationaliste religieux Foyer juif, a déclaré aux journalistes «qu'Israël est bien décidé à construire dans sa capitale, Jérusalem».

Les travaux prévus en deux temps, dont une première tranche de 800 logements, pourraient prendre près de quatre ans, vu les difficultés de construction sur un terrain fortement en pente, aux abords de Bethléem (Cisjordanie occupée).

L'annonce en mars par le ministère israélien de l'Intérieur d'un plan de construction de 1600 logements à Ramat Shlomo, un quartier juif orthodoxe érigé dans le secteur de Jérusalem-Est, avait fortement indisposé les États-Unis, d'autant qu'elle avait été faite en pleine visite du vice-président américain Joe Biden en Israël.

Israël a annexé Jérusalem-Est après sa conquête en juin 1967 et considère Jérusalem comme sa capitale «éternelle et indivisible», une annexion qui n'a jamais été reconnue par la communauté internationale, les Palestiniens voulant établir dans le secteur oriental la capitale de l'État auquel ils aspirent.

Depuis 1967, Israël a construit une dizaine de quartiers de colonisation dans la partie orientale, dont Gilo a été l'un des premiers dès les années 70, où vivent plus de 200 000 Israéliens.