Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, sur la défensive, a accusé mardi soir les Palestiniens de «faire tout leur possible pour éviter la paix», une rhétorique laissant peu d'espoir à une reprise des pourparlers de paix en dépit des efforts des États-Unis.

«Ce qui empêche la venue de la paix, et des négociations de paix, c'est que les Palestiniens font tout ce qui est en leur pouvoir pour les éviter. C'est la simple vérité», a affirmé M. Nétanyahou devant la presse internationale.

«Les Palestiniens ne ratent jamais une chance de rater une chance. La seule façon d'obtenir la paix est de négocier la paix», a-t-il plaidé.

Les négociations de paix, brièvement relancées en septembre à Washington après 20 mois d'arrêt, sont à nouveau bloquées, les Palestiniens exigeant la prolongation d'un moratoire sur la colonisation juive, à laquelle M. Nétanyahou s'est refusé.

Pour renouer le dialogue, les Palestiniens réclament des références politiques claires, comme la fin de l'occupation des Territoires palestiniens occupés en 1967 et Jérusalem-Est pour capitale. Ils demandent aussi la reconnaissance de l'État palestinien à l'intérieur des frontières de juin 1967, avant la guerre des Six Jours, moyennant des échanges mineurs de territoire.

«Les Palestiniens s'éloignent de la paix parce qu'ils s'éloignent des négociations», a déploré le chef du gouvernement de droite israélien.

Mais «s'ils sont prêts à négocier, alors ils verront que ce gouvernement, mon gouvernement, ce premier ministre, moi, que je suis prêt et capable de parvenir à une paix historique», a assuré M. Nétanyahou.

Le chef du gouvernement -dont la priorité apparaît clairement la crise nucléaire iranienne- a réaffirmé que les États-Unis avaient renoncé d'eux-mêmes, «à raison» selon lui, à exiger des Israéliens un gel des constructions dans les Territoires occupés.

Les États-Unis ont reconnu le 7 décembre l'échec de leurs efforts pour convaincre Israël de décréter un nouveau moratoire sur la colonisation.

Le principal négociateur israélien Yitzhak Molcho et son homologue palestinien Saëb Erakat se trouvent cette semaine à Washington pour des entretiens avec des responsables américains, mais ils ne se rencontreront pas directement.

Déçus par l'administration Obama, dans laquelle ils avaient mis beaucoup d'espoir, les Palestiniens ont de facto enterré les dernières propositions américaines -vagues- de relance d'un processus de paix moribond, pour tenter à la place d'obtenir une reconnaissance internationale d'un État de Palestine.

Plusieurs pays latino-américains (le Brésil, l'Argentine, la Bolivie, l'Équateur, le Chili et bientôt l'Uruguay) ont déjà accédé à leur requête.

En outre, les Palestiniens ont l'intention de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU dans les prochains jours pour tenter d'obtenir une résolution ordonnant l'arrêt de la colonisation israélienne. Celle-ci est illégale au regard du droit international.

Les Palestiniens cherchent d'autant plus à pousser leur avantage qu'Israël est l'objet des critiques et des condamnations de la communauté internationale pour sa politique de colonisation, en particulier dans le secteur oriental arabe de la Ville sainte, annexé après son occupation en 1967.

La démolition, dimanche, d'un ancien hôtel au coeur du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est, un bâtiment chargé d'histoire aux yeux des Palestiniens, a soulevé un tollé international.

Dans une récente déclaration télévisée, le président palestinien Mahmoud Abbas a exhorté la communauté internationale à substituer un plan de paix à un processus de négociations devenu un instrument «de gestion plutôt que de résolution du conflit».

Tsahal élimine un militant du Jihad islamique

Un jeune Palestinien, membre du Jihad islamique (JI), a été tué mardi lors d'une frappe aérienne israélienne près de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, alors que la tension est vive le long de la frontière entre Israël et le territoire palestinien.

Un autre Palestinien a été blessé au cours du raid aérien, ont indiqué des sources médicales palestiniennes.

Selon un communiqué du Jihad islamique publié à Gaza, le Palestinien tué, Mohammed Jamil Al-Najar, 25 ans, faisait partie des Brigades al-Qods, la branche armée de ce groupe radical.

«Le sang des martyrs ne sera pas versé en vain et la réponse viendra. Au bon moment et au bon endroit», a affirmé le communiqué.

Une porte-parole de Tsahal, l'armée israélienne, a confirmé que le raid mené par l'armée de l'air en collaboration avec le Shin Beth, le service de sécurité intérieure, visait un activiste du Jihad islamique «impliqué dans la préparation d'une attaque terroriste massive au coeur d'Israël».

«Cette opération entrave l'exécution de l'attaque du Jihad islamique. Cette organisation a été responsable du tir de roquettes vers le territoire israélien et les forces armées israéliennes ces derniers jours», a ajouté la porte-parole.

Les Brigades al-Qods ont revendiqué des tirs de mortier qui ont fait trois blessés, dont deux ouvriers agricoles thaïlandais, samedi dans le kibboutz (village collectiviste juif) de Nahal Oz, près de la frontière avec Gaza.

Le ministre de la Défense Ehud Barak avait lancé mardi un avertissement: «Je conseille au Hamas et autres groupes de ne pas nous tester. Si les tirs vers notre territoire se poursuivent, l'autre partie encaissera des coups», avait-il affirmé à la radio militaire.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a également prévenu les groupes armées palestiniens qu'«ils feront une terrible erreur s'ils mettent à l'épreuve notre volonté et notre peuple», lors d'une conférence de presse devant les médias internationaux à Jérusalem.

Le raid ciblé s'est produit alors que des groupuscules radicaux palestiniens ont intensifié ces dernières semaines les tirs de roquettes et d'obus de mortier sur le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza. Israël a ensuite lancé des raids aériens en représailles.

À la suite du regain de tension, des responsables israéliens ont agité la menace d'une opération militaire de grande envergure dans la bande de Gaza, comme celle qui avait été menée il y a deux ans.

Durant les 22 jours de l'opération Plomb Durci, pendant l'hiver 2008-2009, 1400 Palestiniens, dont de nombreux civils, avaient été tués, de même que 13 Israéliens, dont 10 soldats.

Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, qui observe de facto une trêve militaire avec Israël, a affirmé mardi que le cessez-le-feu faisait l'objet d'un «consensus national» au sein des factions palestiniennes et qu'il serait respecté.

Plus de 20 roquettes et obus de mortier ont été tirés vers Israël depuis le début de l'année, selon des sources militaires israéliennes.