Le gouvernement israélien doit geler complètement la colonisation, et ne pas se contenter d'un moratoire limité à la Cisjordanie, s'il veut prouver son sérieux, a estimé lundi le principal négociateur palestinien Saëb Erakat.

«Si Nétanyahou stoppe la colonisation, nous reprendrons les négociations directes (avec Israël)», suspendues depuis la fin septembre, a déclaré à l'AFP M. Erakat.

Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a dévoilé dimanche une proposition américaine de nouveau gel limité de 90 jours de la colonisation en Cisjordanie -mais pas à Jérusalem-Est annexée- en échange d'une généreuse enveloppe de mesures de soutien politique et militaire de la part des États-Unis.

Le président américain Barack Obama a qualifié de «prometteur» l'examen par Israël du projet américain, estimant que le premier ministre israélien était «sérieux».

«Le président Barack Obama sait parfaitement que Nétanyahou est responsable de l'arrêt des négociations», a réagi M. Erakat.

«Il sait aussi très bien que c'est Nétanyahou qui a la clé des négociations, et que c'est lui qui a fermé la porte aux discussions et choisi les colonies à la place de la paix», a souligné M. Erakat.

Les Palestiniens affirment ne pas avoir été officiellement informés de l'initiative américaine.

Le président palestinien Mahmoud Abbas doit recevoir lundi soir un diplomate américain, David Hale, adjoint du médiateur pour le Proche-Orient George Mitchell, à Ramallah en Cisjordanie, siège de l'Autorité palestinienne.

M. Hale devrait exposer le plan américain au leader palestinien.

L'initiative Obama divise Israël

Le cabinet israélien est divisé sur le plan américain en faveur d'un nouveau gel de la colonisation en Cisjordanie, auquel s'opposent l'extrême droite et les colons, mais le premier ministre Benyamin Nétanyahou est en mesure de le faire adopter de justesse, selon les médias.

D'après les calculs des politologues, sept des 15 ministres du cabinet de sécurité, qui tranche sur les décisions importantes, dont M. Nétanyahou, seraient prêts à voter en faveur de la proposition de l'administration Obama.

Six y sont hostiles et deux ministres du Shass, un parti religieux orthodoxe, ont fait part de leur intention de s'abstenir.

Aucune date n'a été fixée quant à un vote du cabinet de sécurité.

En attendant, les principales organisations de colons et l'extrême droite extra-parlementaire ont lancé une campagne de pression visant à convaincre le Shass, qui se retrouve en position d'arbitre, de s'opposer à un gel.

Parmi les opposants, figurent les faucons du Likoud, le parti de Nétanyahou, ainsi que les ministres de la droite extrême, dont le chef de la diplomatie Avigdor Lieberman.

Mais selon les commentateurs, ils ne sont pas en mesure pour le moment de déstabiliser le gouvernement Nétanyahou.

«Les opposants à un gel au sein du Likoud n'ont pas les moyens de mener une véritable révolte contre Nétanyahou», a estimé la radio militaire.

«Pour le moment, le premier ministre peut dormir sur ses deux oreilles: aucune figure importante du Likoud n'est vraiment prête à le menacer», a également analysé la radio publique.

Les analystes sont persuadés que M. Lieberman, qui dirige la formation ultranationaliste Israël Beitenou, ne quittera pas le gouvernement si un gel est décidé.

Le chef populiste d'Israël Beitenou veut barrer la route au principal parti d'opposition, Kadima (centriste), auquel M. Nétanyahou pourrait faire appel pour constituer une majorité plus modérée, favorable au plan américain.

M. Nétanyahou s'est abstenu d'afficher publiquement son soutien à la proposition américaine en soulignant qu'elle n'était «pas encore finale», laissant ainsi entendre qu'il pourrait obtenir d'autres concessions de la part des Américains.

«Israël a présenté plusieurs conditions qui n'ont pas été remplies. Ce n'est que lorsqu'elles auront été acceptées que le premier ministre présentera le dossier au cabinet de sécurité», a prévenu dimanche soir un haut responsable sous couvert de l'anonymat.

Cette mise au point a été faite peu après que le président américain Barack Obama eut salué le «sérieux» de M. Nétanyahou et jugé «prometteur» l'examen par Israël d'un nouveau gel.

Selon la radio publique, le président Obama aurait ainsi voulu «forcer la main» de M. Nétanyahou en faisant son éloge avant même qu'une décision officielle n'ait été prise par Israël.