Le président palestinien Mahmoud Abbas a mis en garde contre une montée de l'extrémisme si le processus de paix venait à échouer, lors d'une interview exclusive diffusée dimanche par la télévision publique israélienne.

«Le désespoir alimentera l'extrémisme» a averti le dirigeant palestinien interrogé sur la possibilité d'un échec, tout en déclarant qu'il gardait «de grands espoirs dans les efforts américains» de relancer le dialogue et en écartant l'hypothèse d'une «nouvelle Intifada».

Il a répété l'opposition des Palestiniens à négocier sans un gel complet de la colonisation par Israël, soulignant qu'il s'agit là d'une demande avancée par l'ensemble de la communauté internationale, notamment les États-Unis et l'Europe, et que les Palestiniens ne pouvaient être en retrait.

Il a réaffirmé que les Palestiniens n'avaient pas à reconnaître le caractère juif de l'État d'Israël vu qu'ils ont déjà reconnu l'État.

Il a rappelé à ce propos que l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dont il est à la tête, avait déjà reconnu en 1993 «le droit à l'existence d'Israël» en signant en septembre 1993 les accords d'Oslo de reconnaissance mutuelle.

«Il suffit que nous ayons reconnu Israël. Voilà, c'est un État juif. Vous pouvez en faire l'État que vous voulez, c'est votre droit, mais ne demandez pas de le reconnaître comme État juif», a-t-il lancé à destination des téléspectateurs israéliens.

«Vous ne l'avez pas demandé à l'Égypte, pas à la Jordanie ni à aucun État du monde», a-t-il rappelé.

«Tous les jours, vous (les Israéliens) venez avec une nouvelle exigence. Cela suffit» a ironisé M. Abbas, un sourire aux lèvres. Il parlait en arabe, l'interview étant sous titrée en hébreu.

Les négociations directes, relancées le 2 septembre à Washington, après 20 mois de suspension, sont à nouveau interrompues en raison du différend entre Israéliens et Palestiniens au sujet de la poursuite de la colonisation par Israël.