L'émissaire américain George Mitchell était de retour mardi à Jérusalem pour tenter de sauver les négociations de paix tandis qu'Israéliens et Palestiniens cherchaient à se prémunir contre la responsabilité d'un échec.

M. Netanyahu s'efforce de minimiser l'impact des critiques internationales suscitées par sa décision d'autoriser la reprise des nouvelles constructions dans les colonies et les déclarations controversées de son ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman à la tribune des Nations unies.

«Celui qui décide de continuer à construire des colonies et leur fournit aide et protection est celui qui décide de stopper les négociations», a déclaré pour sa part le président palestinien Mahmoud Abbas dans l'avion qui le ramenait d'un voyage à New York et Paris.

«Mais nous sommes toujours déterminés à voir la réussite de négociations sérieuses et sincères», a-t-il ajouté, promettant qu'il annoncerait des «décisions historiques» lors d'une réunion de la Ligue arabe le 4 octobre à l'issue de laquelle la partie palestinienne doit se prononcer sur la poursuite des pourparlers.

M. Mitchell a rencontré mardi soir le ministre israélien de la Défense Ehud Barak à Tel-Aviv. Aucun communiqué n'a été publié à l'issue de la rencontre.

Le sénateur américain doit voir M. Netanyahu mercredi, «dans un effort supplémentaire pour trouver une solution et poursuivre les négociations (avec les Palestiniens)», selon un communiqué de son bureau, puis M. Abbas le lendemain à Ramallah (Cisjordanie).

M. Netanyahu a indiqué mardi qu'il rencontrerait M. Abbas «en octobre» à Paris, à l'invitation du président Nicolas Sarkozy, soulignant que la poursuite des négociations de paix étaient «essentielles».

Depuis l'expiration du moratoire, malgré d'intenses pressions internationales, en particulier américaines pour le prolonger, M. Netanyahu a maintenu un profil médiatique très bas.

Selon la radio militaire israélienne, M. Netanyahu s'abstient de toute attaque contre Mahmoud Abbas pour éviter de donner à ce dernier une raison supplémentaire de rompre des négociations directes, relancées le 2 septembre après 20 mois d'interruption.

Un haut diplomate anonyme, cité par cette radio, a affirmé que plusieurs ambassadeurs israéliens auraient lancé des mises en garde sur les conséquences de l'isolement d'Israël dans le monde.

«Personne dans le monde ne comprend la position d'Israël qui consiste à affirmer que l'on peut négocier tout en reprenant les constructions dans les colonies», s'est inquiété ce diplomate.

La Russie a ainsi fait part de son «inquiétude» pour l'avenir des négociations à la suite de cette décision, après la «déception» exprimée par les Etats-Unis, l'Union européenne et l'ONU.

M. Netanyahu a néanmoins été contraint de sortir de son silence pour se dissocier des propos de son ministre des Affaires étrangères qui a plaidé devant l'Assemblée générale des Nations unies pour un «échange de territoires avec leurs populations» comme solution au conflit ainsi que pour «un accord intérimaire à long terme», excluant dans l'immédiat un règlement final.

«C'est le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui s'occupe des négociations diplomatiques. Les différents arrangements pour la paix seront définis uniquement autour de la table de négociations et nulle part ailleurs», selon un communiqué de son bureau, ajoutant que le texte du discours de M. Lieberman «n'a pas été coordonné avec le Premier ministre».

Malgré son titre officiel, M. Lieberman ne participe pas aux pourparlers de paix israélo-palestiniens.

M. Lieberman, un populiste ultranationaliste, est connu pour ses opinions iconoclastes sur le processus de paix, mais c'est la première fois qu'il les expose devant une telle enceinte.