Israéliens et Palestiniens reprennent mercredi leurs négociations de paix sous l'égide des États-Unis, après la libération de 26 prisonniers palestiniens par Israël en guise de geste de bonne volonté.

Mais l'accélération par l'État hébreu de la colonisation en territoire palestinien occupé augure mal de la poursuite du processus de paix relancé après près de trois ans de blocage.

A quelques heures de la reprise des pourparlers à Jérusalem, Israël a libéré tôt mercredi un premier contingent de 26 prisonniers palestiniens détenus pour la plupart depuis une vingtaine d'années.

Onze prisonniers ont été conduits en Cisjordanie, depuis la prison  d'Ofer, près de Ramallah, tandis qu'un autre groupe de quinze prisonniers était acheminé vers la bande de Gaza depuis la prison d'Ayalon près de Tel-Aviv.

Ces 15 ex-détenus ont pénétré dans la bande de Gaza à 01h40 locale.

Au même moment, 11 autres anciens prisonniers sont arrivés à Ramallah, en Cisjordanie, où ils ont été accueillis par le président Mahmoud Abbas et des milliers de personnes enthousiastes.

«Nous allons continuer jusqu'à la libération de tous les prisonniers (palestiniens) des prisons israéliennes», a lancé M. Abbas au cours d'une cérémonie de bienvenue organisée au quartier général de l'autorité palestinienne de la Mouqataa.

Au total 104 détenus palestiniens doivent être libérés en quatre étapes «en tenant compte des progrès réalisés» dans les négociations de paix israélo-palestiniennes.

Aucun détail n'a été donné sur l'heure de leur reprise mercredi ou le lieu exact de leur tenue.

Selon le bureau de la chef de la délégation israélienne à ces pourparlers, la ministre de la Justice Tzipi Livni, «les pourparlers sont fermés aux médias».

«Il n'y aura ni prise de photo ni déclarations. Par conséquent, aucun détail ne sera donné à l'avance sur la rencontre», a-t-il souligné.

Lancées dans le secret en 1993, les négociations de paix, hormis quelques ententes ponctuelles, n'ont pas permis d'ouvrir la voie à un règlement final du conflit israélo-palestinien vieux d'une soixantaine d'années.

Parmi les questions à régler figurent les frontières d'un futur État palestinien, les arrangements de sécurité, le sort des colonies où vivent quelque 360 000 Israéliens en Cisjordanie, l'avenir de Jérusalem-Est ou le sort des réfugiés palestiniens.

L'objectif principal des négociations est de parvenir à une solution à deux États, israélien et palestinien.

M. Nétanyahou exige une reconnaissance par les Palestiniens du caractère «juif» de l'État d'Israël alors que les dirigeants palestiniens réclament une solution basée sur les frontières d'avant l'occupation israélienne de 1967 tout en se disant prêts à accepter des échanges limités de territoires.

Les négociations, censées aboutir à un accord dans les neuf mois, se tiennent après près de trois ans de blocage et sont dirigées côté israélien par Mme Livni et côté palestinien par le négociateur en chef Saëb Erakat.

Elles doivent se poursuivre alternativement à Jérusalem et à Jéricho en Cisjordanie sous l'égide du représentant spécial des États-Unis Martin Indyck.

Le coup d'envoi officiel des négociations a été donné fin juillet à Washington après de nombreuses missions du secrétaire d'État américain John Kerry qui avait finalement arraché un accord des deux parties à revenir à la table de négociations.

Mais à la veille de ces négociations, Israël a provoqué la fureur des Palestiniens en autorisant dimanche et mardi la construction d'un total de 2129 logements à Jérusalem-Est annexée et en Cisjordanie occupée.

«La colonisation menace de provoquer l'effondrement des négociations avant même qu'elles ne débutent», a dit un haut responsable palestinien Yasser Abed Rabbo.

Mais M. Kerry, tout en jugeant de nouveau «illégitimes» les colonies, a affirmé que le président palestinien Mahmoud Abbas était «engagé à poursuivre les négociations parce qu'il croit que la négociation est ce qui permettra de résoudre ce problème».

Selon les médias israéliens, l'annonce des constructions dans les implantations a été décidée pour calmer l'aile dure de la coalition dirigée par M. Netanyahu, qui fait pression pour poursuivre la colonisation afin de rendre impossible tout retrait de Cisjordanie ou toute concession sur Jérusalem-Est.

Côté palestinien, le mouvement islamiste du Hamas, qui contrôle Gaza et prône la lutte armée contre Israël, s'oppose aux négociations menées par l'Autorité palestinienne de M. Abbas dont il conteste la représentativité.

Enfin, le patron de l'ONU Ban Ki-moon est attendu cette semaine à Ramallah et Jérusalem pour «soutenir les négociations» israélo-palestiniennes.