Les gouttes de pluie s'espacent, le soleil fait une timide apparition et soudain, avec une violence inattendue, de l'eau sale venue de la mer recouvre la chaussée en bord de mer sur Coney Island, à New York, obligeant les quelques voitures qui passent à partir à toute vitesse.

À part quelques personnes en voiture et des sans-abri, le front de mer de Coney Island, au sud de Brooklyn, était désert dimanche matin, à la suite des ordres d'évacuation donnés par les autorités de New York, en prévention de l'ouragan Irène.

De nombreux résidents du quartier avaient montré un certain scepticisme: le ciel paraissait clément sur Coney Island et son célèbre parc d'attractions. Mais à 8H45 (12H45 GMT), le niveau de l'eau a grimpé en quelques secondes, amenant le chaos dans les rues jusqu'alors tranquilles.

Un océan d'eau sale, charriant des branches d'arbres, des sacs en papier, des détritus, a tout d'un coup envahi la plage, les manèges et le célèbre stand Nathan's, qui vend des hot dogs et organise des compétitions tous les 4 juillet, jour de la fête nationale.

Les routes, qui semblaient sèches et sans problème quelques secondes avant, sont tout d'un coup inondées. Les automobilistes qui passent doivent se décider en quelques secondes: quel est le meilleur chemin à prendre, quelle est la route qui ira le plus haut, et pour combien de temps sera-t-elle sure?

Quelques-uns, déjà bloqués, doivent sortir de leur véhicule et vite essayer de s'enfuir, avec de l'eau jusqu'à la poitrine.

La voiture des journalistes de l'AFP, qui se trouvait sur la Mermaid Avenue, s'est retrouvée un peu plus tard avec de l'eau jusqu'aux fenêtres.

Les rues sont à peu près désertes, si ce n'est des policiers et cinq sans-abri qui vivent dans des stations de métro, aujourd'hui fermées après la décision sans précédent des autorités de la ville d'arrêter les transports publics.

Puis en une heure, l'eau repart, tout le monde a l'air de bien aller. L'eau a laissé comme seule trace immédiatement visible de sa présence des dizaines de bouteilles, papiers et détritus.

Les New Yorkais haussent les épaules: «Ils n'auraient pas dû évacuer tout le monde. Maintenant, il y en a qui vont en avoir pour des milliers de dollars de réparations, parce qu'ils n'étaient pas là pour empêcher les dégâts», dit Joe Perota, qui promène son chien pendant l'accalmie.

«Il faut qu'ils regardent le ciel, pas seulement les satellites», dit-il.

Dans la région de New York, des scènes semblables se répétaient, quelquefois plus impressionnantes encore. Dans la région très chic de Long Island dans les Hamptons, la télévision montrait des images de vagues s'abattant sur les murs des grandes maisons en bord de mer.

Les autorités ont pris les plus grandes précautions pour protéger le quartier de Battery Park, au sud de Manhattan, là où se situent les grandes institutions de la capitale mondiale de la finance.

L'eau a inondé les planches de la promenade, mais s'est vite retirée, alors qu'au loin à l'horizon, on discerne la statue de la Liberté.