Pas de citoyens en panique se cherchant un toit. Pas de rangées dévalisées dans les épiceries du centre-ville. Pas de touristes fuyant la ville. Au contraire du reste de la côte est américaine, les Bostonais attendent le passage de l'ouragan Irene avec un mélange de calme et d'insouciance.

La météo annonce pourtant entre trois et dix pouces de pluie et des vents supérieurs à 140 km/h dans certains coins du Massachusetts. À Boston, le métro sera fermé dimanche. Mais les résidents de Boston n'ont pas peur d'Irene.

«Nous allons regarder ça tranquillement à l'intérieur, en profiter pour se faire une journée cinéma. Bien sûr, nous avons fait nos provisions en eau et en nourriture, mais nous ne sommes pas inquiets», dit Kelly Polanco, une mère de deux jeunes enfants qui passait la journée de samedi à magasiner en famille dans les boutiques prisées de Faneuil Hall au centre-ville de Boston.

«Nous ne sommes pas encore inquiets. Nous avons sécurisé la maison et fait des provisions, donc il ne reste plus qu'à voir tout ça demain», dit Tammy Margosian, une mère de trois enfants qui vit à Grafton, une ville du Massachusetts située à une heure de voiture de Boston, où elle faisait son magasinage samedi après-midi.

«J'anticipe un gros orage, des vents violents et des pannes d'électricité, mais rien de plus important, dit Jenevie Gold, une étudiante à la maîtrise à Boston University. Mon copain et moi n'avons pas pu trouver d'eau pour l'instant, mais nous allons le faire cet après-midi.»

État d'urgence dans quatre états de la Nouvelle-Angleterre

Les politiciens bostonais, eux, prennent l'ouragan Irene très au sérieux, multipliant les avertissements à la population avant son arrivée prévue pour dimanche matin dans la capitale de Massachusetts. L'état d'urgence a été décrété par le président Barack Obama dans l'État du Massachusetts, où il pourrait tomber dimanche jusqu'à huit pieds de pluie et les vents pourraient atteindre jusqu'à 144 km/h (90 miles à l'heure).

«Ce n'est le temps de paniquer, mais c'est le temps de se préparer, a dit le gouverneur du Massachusetts, Devon Patrick, samedi en conférence de presse. La situation pourrait être très, très très sérieuse si les prévisions météo se réalisent. Les conditions météo peuvent s'améliorer comme se détériorer.»

La Garde nationale a été mobilisée pour faire face à Irene au Massachusetts, où le président Barack Obama prenait ses vacances avant de rentrer d'urgence à Washington cette semaine. Le président américain a décrété l'état d'urgence dans quatre des six états de la Nouvelle-Angleterre, soit au Massachusetts, au Connecticut, au New Hampshire et dans le Rhode Island. «Je demande à tous les citoyens du New Hampshire de prendre toutes les précautions possibles et de prendre ces avertissements au sérieux», a indiqué le gouverneur du New Hampshire, John Lynch.

Le Maine et le Vermont ne sont pas officiellement sous l'état d'urgence fédéral, mais leurs gouverneurs ont tout de même déclaré leur propre état d'urgence. «Il faut prendre cette menace au sérieux, dit le gouverneur du Vermont, Peter Schumlin. Nous avons toutes les raisons de nous préparer au pire. Dans des situations comme celle-là, le manque de prudence peut résulter en une vie perdue.»

Le maire de New Bedford, au Massachusetts, a même demandé à ses citoyens d'évacuer la ville côtière située à une heure de route au sud de Boston. «Nous en avons beaucoup discuté, nous avons de l'expérience dans ce genre de choses... alors soyons partis d'ici 8h du matin dimanche», a dit le maire Scott W. Lang samedi dans un discours à la télé.

À Boston, la ville incite ses citoyens à se préparer à l'arrivée de l'ouragan en serrant les articles de patio, en restant à l'intérieur et en ayant des lampes de poche en cas de panne d'électricité. «La ville est proactive et les citoyens doivent faire de même», a indiqué le maire Thomas Menino.

Il y a toutefois un flou au sujet des refuges mis à la disposition des citoyens par la Ville de Boston. Sur son site web, la Ville indiquait plusieurs de dizaines d'abris à travers la ville, dont la bibliothèque municipale au centre-ville. Lors de la visite du représentant de La Presse, les préposés à l'accueil ont été fort étonnés d'apprendre que la bibliothèque servirait de refuge. «On aurait été informé. Vous devriez appeler la Ville», a dit un préposé à la sécurité. Le bureau des urgences de la Ville de Boston ne répondait pas au téléphone samedi après-midi.

Pas de métro à Boston dimanche

Après New York qui a vu son métro fermer samedi, Boston ne pourra compter sur ses services de transport en commun dimanche. Les responsables du Massachusetts Bay Transportation Authority ont annoncé leur décision samedi soir. «Avec les vents sévères, la pluie battante et les inondations prévues, cette décision a été prise pour assurer la sécurité de nos clients et nos employés. Cette décision nous permettra de nous concentrer à pouvoir assurer un service normal lundi matin», a indiqué le Massachusetts Bay Transportation Authority par voie de communiqué.

Les touristes en visite à Boston ne comptent pas déserter la ville. De toute façon, la grande majorité des vols d'avion en provenance de Boston ont été annulés ce week-end. Plusieurs services de trains et d'autobus ont aussi été suspendus le temps du passage d'Irene.

«Il n'a pas vraiment plu chez nous depuis 140 jours. On espère donc ramener un peu de pluie chez nous», blague Greg Rodgers, un homme d'affaires de Dallas qui devait participer à une réunion lundi qui a été annulée en raison de l'ouragan.

Même indifférence chez Eli Moretta, un New-Yorkais qui passait le week-end à Boston avec des amis de la Pennsylvanie. «On ne changera pas nos plans. Si les vents sont trop forts, on attendra à l'intérieur, mais on reste à Boston», dit-il son parapluie à la main. Il en a eu besoin samedi, alors que trois orages différents se sont abattus sur Boston en l'espace de quelques heures. Peut-être un prélude à une tempête dont les Bostonnais pourraient se rappeler longtemps.