Ce sont des passagers d'Air Transat fatigués et souvent furieux qui sont rentrés à Montréal hier, après avoir été laissés en plan à Port-au-Prince il y a deux jours.

«Personne n'est venu nous chercher, maman!» a lancé le petit Sébastien Guay lorsqu'il a retrouvé sa mère à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, vers l'heure du souper.

L'enfant faisait partie des quelque 120 passagers qui ont vu leur vol vers Montréal leur décoller sous le nez, mercredi, alors qu'ils attendaient depuis des heures dans une chaleur écrasante à l'aéroport de Port-au-Prince.

Des témoins ont raconté que trois compagnies aériennes tentaient d'inscrire en même temps leurs passagers au seul comptoir d'embarquement disponible. C'était la cohue dans l'aérodrome, des gens ayant même sauté par-dessus des clôtures pour tenter d'aller prendre leur vol, affirment des passagers.

Air Transat a expliqué que le chaos entraîné par le passage de l'ouragan Irene l'avait forcé à faire décoller son appareil même si les passagers attendaient toujours de pouvoir y monter.

Les voyageurs ont dû trouver un endroit pour loger mercredi et jeudi dans la capitale haïtienne, qui peine toujours à se remettre du tremblement de terre de 2010. Un vol leur a finalement été offert vendredi. Plusieurs sont furieux contre Air Transat.

«Je ne voyagerai plus jamais avec cette compagnie»

«Ils n'ont même pas dit pourquoi l'avion est parti, ils n'ont rien fait», s'est insurgée la mère de Sébastien, Nathalie Guay, en serrant son fils.

«C'était l'enfer! Je ne voyagerai plus jamais avec cette compagnie. C'est fini! Nous étions quatre, ça m'a coûté 780$ avec l'hôtel, je m'attends à ce qu'ils nous dédommagent», a lancé Arnold François, qui a eu du mal à loger toute sa famille en attendant le vol de retour.

«Je n'ai pas peur d'Haïti, sinon je n'y aurais pas envoyé ma fille, la prunelle de mes yeux. Mais je n'étais pas rassurée qu'elle se retrouve comme ça à Port-au-Prince. Heureusement qu'il y avait deux amis de la famille qui voyageaient en même temps qu'elle», a expliqué Murielle Chatelier, quelques instants avant l'arrivée de sa fille Sarafina, 9 ans. L'enfant avait passé les vacances dans la campagne haïtienne avec sa grand-mère.

La porte-parole d'Air Transat, Debbie Cabana, a expliqué hier que la situation était malheureusement hors du contrôle de l'entreprise.

«On déplore vivement ce qui s'est passé, mais tout ça est relié à l'ouragan Irene et à la situation totalement chaotique à l'aéroport, dit-elle. Il y a un flot incroyable de passagers qui s'est présenté en même temps, ça aurait pris des heures pour tenter d'enregistrer tout le monde. Nous n'avons pas de compensation offerte aux passagers, mais notre objectif était de les ramener le plus vite possible au pays.»

Certains voyageurs gardent tout de même espoir d'obtenir un dédommagement.

«Dans l'avion, en revenant, on a fait une pétition. Maintenant, on va voir ce qu'ils vont faire» a laissé tomber Louis Edma en tirant sa valise.