L'ouragan Irene sera «historique» et pourrait causer jusqu'à 12 milliards de dollars de dommages. New York sera frappé pour la première fois depuis 1955. La tempête arrivera au Québec dimanche soir et pourrait causer des inondations en Estrie et en Gaspésie.

Le pire a été évité. L'ouragan Irene n'a pas gagné en puissance vendredi: il a au contraire été rétrogradé de 3 à 2 dans l'échelle de Saffir-Simpson, qui compte cinq degrés. Samedi matin, le Centre national d'ouragans américains a de nouveau rétrogradé l'ouragan en catégorie 1. Mais la côte est américaine s'attendait hier à de multiples inondations parce qu'Irene pourrait garder sa force d'ouragan jusqu'à New York.

Irene frappera la côte Est en milieu de journée aujourd'hui, avant de s'affaiblir et de toucher la Nouvelle-Angleterre, puis le Canada. Citée par l'AFP, la firme de modélisation météorologique Kinetic Analysis prévoyait hier des dommages de 12 milliards de dollars, ce qui ne placerait pas Irene dans le palmarès des 10 ouragans les plus coûteux. La première place est occupée par Katrina, qui a fait jusqu'à 200 milliards de dommages en 2005.

N'empêche, la NASA estimait hier que le diamètre d'Irene équivalait environ au tiers de la côte atlantique américaine. Le président Barack Obama, en vacances au Massachusetts, a annoncé un ouragan «historique».

En Caroline-du-Nord, la Québécoise Isabelle Kretz avait déjà fait ses emplettes de dernière minute, hier. «J'ai vécu Franz en 1997», explique Mme Kretz, qui habite à Raleigh, où elle est travailleuse sociale. «Je ne savais pas à l'époque ce qu'il fallait faire. Aujourd'hui, je suis mieux informée.»

Par exemple, Mme Kretz était alors restée à l'étage de sa maison avec ses enfants. «Un voisin était venu me prévenir qu'il fallait descendre au rez-de-chaussée et passer la nuit au milieu de la maison, dans une pièce sans fenêtre. Quand les arbres tombent, il faut être loin des fenêtres. Cette fois, ce sera encore mieux parce que notre maison a un sous-sol. Je n'avais pas fait beaucoup de provisions, seulement un peu d'eau parce que je pensais être en sécurité. Raleigh est à deux heures de la côte, mais les ouragans peuvent changer de trajectoire. Il faut être prêt à tout. Heureusement, un seul arbre était tombé sur le système de chauffage et l'eau n'avait pas été coupée.»

Cette fois, elle a acheté des aliments de base qui ne nécessitent pas de cuisson et des piles pour sa radio. «Le gouverneur n'a déclaré l'état d'urgence que pour les terres à l'est de la 95, donc pas pour nous. Mais on ne sait jamais. Il y a quelques mois, il y a eu de très grosses tornades à Raleigh et ma radio n'avait pas de piles. On était complètement dans le noir, sans nouvelles.»

Irene, qui a fait cinq morts aux Bahamas, a été rétrogradé à la catégorie 2 de l'échelle de Saffir-Simpson, puis à la catégorie 1 samedi matin. Des experts croyaient qu'il pourrait reprendre de la force jusqu'à regagner l'échelon 3 ce matin, même si les prévisions indiquent le contraire. Les vents devraient friser les 200 km/h, la limite supérieure du niveau 2, quand Irene touchera terre en Caroline-du-Nord.

Des centaines de milliers de personnes ont été évacuées en Caroline-du-Nord, en Virginie, dans le Delaware et au New Jersey. Les craintes étaient également grandes pour New York, où le corps des ingénieurs de l'armée américaine prévoit, dans le pire des scénarios, que 6 m d'eau pourraient submerger l'aéroport J.F. Kennedy et que Wall Street pourrait disparaître sous 2 m d'eau. Les pluies qui accompagnent Irene, «le plus grave danger», selon CNN, provoqueront des inondations dans l'une des régions les plus densément peuplées des États-Unis, jusqu'à Philadelphie, qui arrêtera son métro à partir de midi aujourd'hui, comme New York. Des dizaines de vols ont été annulés.

Le dixième de la capacité de raffinage de pétrole du pays est menacé, ce qui laisse craindre une hausse du prix de l'essence.

Washington craint par ailleurs qu'Irene n'endommage encore le monument à George Washington, déjà abîmé par le tremblement de terre de cette semaine.

- Avec CNN, AFP, The New York Times et New Scientist