Une commission d'enquête de l'ONU a accusé lundi l'armée israélienne d'être responsable de sept attaques meurtrières contre des écoles des Nations unies qui servaient d'abris aux civils palestiniens pendant l'offensive israélienne à Gaza à l'été 2014.

Le gouvernement israélien a immédiatement fait valoir qu'il avait déjà engagé des procédures judiciaires envers certains de ses soldats. Pour son adversaire à Gaza, le mouvement palestinien Hamas, le rapport de l'ONU «prouve qu'Israël a commis des crimes de guerre» passibles de la Cour pénale internationale.

Les attaques ont fait au moins 44 morts et 227 blessés entre le 16 juillet et le 26 août dans et autour des écoles visées.

Le rapport d'enquête, dont un résumé a été transmis lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, confirme aussi que des armes ont été dissimulées par le Hamas dans trois écoles de l'UNRWA (agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens).

La commission d'enquête estime possible que des combattants palestiniens aient pu utiliser deux de ces écoles pour lancer des attaques ou des tirs.

Pour chacun des sept incidents répertoriés où des victimes et des dégâts ont été causés par des tirs d'artillerie ou de missiles sur les écoles ou à proximité d'entre elles, les enquêteurs de l'ONU concluent à la responsabilités de l'armée israélienne. Ils détaillent les munitions utilsées, dont des projectiles anti-char explosifs et des obus de mortier.

Deux de ces obus ont tué au moins 12 personnes et blessé 93 autres dans une école primaire le 24 juillet, une attaque «attribuable aux forces de défense israéliennes», selon le rapport.

Le 3 août un missile israélien «qui visait une moto transportant trois individus» -- des militants du groupe palestinien Djihad islamique, selon l'armée israélienne -- a explosé devant une autre école primaire. Bilan: 15 morts et une trentaine de blessés.

Le rapport confirme que l'UNRWA communiquait régulièrement à l'état-major israélien la localisation précise des écoles utilisées comme abris.

Les enquêteurs notent dans certains cas que des témoins n'ont signalé aucune activité de groupes palestiniens dans l'école ou à proximité qui auraient pu justifier les tirs israéliens.

«Extrêmement grave»

Le secrétaire général Ban Ki-moon avait nommé en novembre 2014 un groupe d'experts indépendants présidé par le néerlandais Patrick Cammaert et chargé d'enquêter sur les attaques contre des installations des Nations unies pendant la guerre à Gaza.

Celle-ci a duré 50 jours et a fait au total près de 2.200 morts palestiniens, en majorité des civils, et 73 morts israéliens, pour la plupart des soldats, avant une trêve parrainée par l'Egypte.

Dans une lettre au Conseil de sécurité présentant le rapport, M. Ban «déplore qu'au moins 44 Palestiniens aient été tués à la suite des actions israéliennes et au moins 227 blessés dans des locaux de l'ONU utilisés comme abris d'urgence». Il considère ces incidents comme «extrêmement graves» et affirme «qu'il fera tout pour garantir que de tels incidents ne se reproduisent pas».

Il se déclare aussi «consterné» que des écoles de l'UNRWA aient pu être utilisées comme dépôt d'armes ou base d'opérations par des groupes armés palestiniens. Mais il souligne que «les trois écoles où des armes ont été trouvées étaient vides à l'époque et n'étaient pas utilisées comme abris».

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Emmanual Nahshon, a fait valoir que «tous les incidents attribués par le rapport à Israël ont déjà fait l'objet d'un examen minutieux et que des enquêtes pénales ont été lancées (en Israël) quand cela se justifiait».

Il a souligné qu'Israël avait «pleinement coopéré» avec les enquêteurs onusiens et «s'engage à travailler avec l'ONU pour améliorer la sécurité des locaux des Nations unies à Gaza, et en particulier pour éviter qu'ils ne soient utilisés par des terroristes», en référence au Hamas.

Celui-ci, par la voix de son porte-parole à Gaza Sami Abou Zuhri, a accusé Israël d'avoir «commis des crimes de guerre contre les civils palestiniens» et a exigé que l'Autorité palestinienne mette à exécution sa menace de trainer l'État hébreu devant la Cour pénale internationale.

Interrogé sur ce point, le porte-parole adjoint de l'ONU Farhan Haq s'est réfusé à tout commentaire. «Il ne nous appartient pas de décider de quelles affaires la CPI doit se saisir.»