Le juriste canadien William Schabas a démissionné avec effet immédiat de la présidence de la Commission d'enquête du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur de possibles crimes de guerre durant l'offensive israélienne contre Gaza l'été dernier, a indiqué mardi un porte-parole du Conseil.

Mis en cause par Israël pour «conflit d'intérêts», le professeur Schabas a adressé dans la nuit une lettre au président du Conseil des droits de l'homme, actuellement l'ambassadeur allemand Joachim Ruecker annonçant sa démission «avec effet immédiat», a indiqué aux journalistes le porte-parole Rolando Gomez.

Le président en exercice a espéré que cette démission mettrait fin à toute impression de «conflit d'intérêts» et a souligné «la nécessité de rester focalisé sur le travail de la mission dans l'intérêt des victimes des deux côtés». Un nouveau président de la Commission pourrait être nommé dès mardi, selon M. Gomez.

M. Schabas avait été nommé en août dernier par le conseil à la tête de cette commission constituée de trois experts et dont le rapport doit être publié en mars prochain. Cette nomination avait été immédiatement critiquée par le gouvernement israélien qui l'accusait d'avoir des positions propalestiniennes.

Vendredi dernier, Israël avait adressé une lettre au Conseil affirmant que «compte tenu des prises de positions claires et documentées de M. Schabas (...) sa nomination était totalement inappropriée et soulignait le caractère partisan et politisé de cette Commission et de son mandat».

Le conflit d'intérêts porte sur un avis juridique que M. Schabas avait rédigé en 2012 pour l'OLP.

Israël a des relations conflictuelles avec le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies et n'avait pas hésité à boycotter ses travaux, refusant un temps en janvier 2012 de participer à l'examen périodique de la situation des droits de l'homme dans le pays, une procédure auxquels tous les membres de l'ONU doivent se soumettre.

Le conflit de cinquante jours à Gaza à l'été 2014 avait provoqué la mort de 2140 Palestiniens, en majorité des civils et de 73 Israéliens, pour la plupart des militaires.