Israéliens et Palestiniens ont annoncé hier la conclusion d'un cessez-le-feu « permanent » qui a été immédiatement salué, de prévisible façon, comme une victoire par les deux partis.

L'accord, conclu sous l'égide de l'Égypte, marque la fin d'un conflit sanglant qui a fait en 50 jours plus de 2140 morts du côté palestinien et endommagé ou détruit plus de 60 000 maisons dans la bande de Gaza, forçant le déplacement de près d'un quart de la population locale. Côté israélien, 69 personnes, incluant 64 militaires, ont été tuées.

L'entente a été annoncée officiellement en fin d'après-midi par le président palestinien Mahmoud Abbas avant d'être confirmée par les autorités israéliennes.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères égyptien a annoncé que les deux partis avaient convenu de procéder rapidement à l'ouverture des postes de passage reliant Gaza au territoire israélien afin de permettre l'entrée de l'aide humanitaire et de matériel requis pour la reconstruction d'infrastructures cruciales.

François Audet, un professeur de l'UQAM qui chapeaute l'Observatoire canadien sur les crises et l'action humanitaire, rappelle que les besoins en eau potable, en vivres et en médicaments sont criants à l'issue du conflit. « Malheureusement, c'est encore la population civile qui a écopé », relève-t-il.

Tirs de joie

L'entrée en vigueur officielle du cessez-le-feu a été saluée par des tirs de joie dans la bande de Gaza, où plusieurs membres influents du Hamas sont apparus pour la première fois en public depuis le début du conflit.

Mahmoud Zahar, un haut dirigeant de la formation, a promis dans un discours relayé par l'Agence France-Presse que toutes les maisons détruites seraient reconstruites. « L'avenir est à nous, pas à l'occupant israélien », a-t-il assuré en promettant de continuer à développer « l'armement et le développement des capacités de la résistance ».

Un autre porte-parole a assuré que le gouvernement israélien avait été « battu » parce qu'il n'avait pas réussi à « contraindre Gaza à démissionner ».

Un haut responsable israélien a indiqué parallèlement à la BBC que le Hamas avait subi un « revers dévastateur » face à l'armée israélienne, qui a détruit, selon lui, 5200 « sites terroristes » et tué plus de 1000 « terroristes ».

L'opération militaire a été lancée début juillet pour faire cesser les tirs de missiles contre le territoire israélien avant d'être élargie afin de détruire les tunnels utilisés par les militants du groupe palestinien pour lancer des attaques terrestres surprises.

Pelleter en avant

Selon les autorités égyptiennes, les deux parties devront se retrouver de nouveau au Caire dans un mois afin de discuter de plusieurs enjeux délicats comme le sort des prisonniers palestiniens ainsi que la possibilité de rouvrir l'aéroport et le port de Gaza.

Le point le plus sensible demeure, pour le Hamas, la question de la levée du blocus imposé par Israël alors que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou insiste pour sa part sur la nécessité de démilitariser la bande de Gaza.

Le professeur Rex Brynen, expert du Moyen-Orient à l'université McGill, estime que les deux partis ont décidé de « pelleter les problèmes vers l'avant » en reportant à plus tard les discussions sur les sujets essentiels.

Selon lui, les informations disponibles hier sur le cessez-le-feu semblent suggérer qu'ils ont en quelque sorte choisi de revenir au statu quo ante bellum en reprenant les grandes lignes de l'accord qui avait mis un terme au précédent affrontement à Gaza, il y a deux ans.

« Il y a eu beaucoup de violence, beaucoup de gens sont morts pour en revenir au cessez-le-feu de 2012 avec un peu plus d'emballage », dit-il.

Rien, dans les faits, ne certifie que des changements majeurs vont survenir, en particulier quant à la capacité de circulation des biens et des personnes entre Gaza et Israël, juge l'analyste.

La fin des hostilités, dans ces circonstances, semble suggérer que les deux camps étaient fatigués mais aussi qu'aucun d'entre eux n'a véritablement perdu ou gagné, résume M. Brynen.