Le président palestinien Mahmoud Abbas et l'Égypte qui chapeautait les pourparlers ont confirmé officiellement mardi l'accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza, alors qu'une source gouvernementale israélienne annonçait qu'Israël accepte un cessez-le-feu «illimité» à Gaza.

«Nous avons accepté, une fois de plus, la proposition égyptienne d'un cessez-le-feu sans condition et illimité dans le temps», a affirmé à l'AFP cette source sous couvert d'anonymat, quelques instants avant l'entrée en vigueur de la trêve

Des milliers de Palestiniens célébraient dans les rues de Gaza l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, selon des journalistes de l'AFP.

Des tirs de joie résonnaient dans la ville de Gaza, tandis que depuis les mosquées résonnaient des louanges à Dieu pour célébrer le cessez-le-feu qui doit être suivi, selon le médiateur égyptien, d'un allègement du blocus imposé en 2006 par Israël et qui asphyxie 1,8 million de Gazaouis.

Des dirigeants du Hamas, le mouvement qui contrôle la bande de Gaza, et du Jihad islamique, sont apparus mardi soir en public, pour la première fois depuis le début de la guerre avec Israël il y a 50 jours peu après la conclusion d'une trêve.

Le cessez-le-feu prévoit également l'ouverture immédiate des points de passage entre Israël et l'enclave palestinienne pour «l'entrée rapide de l'aide humanitaire, des secours et des moyens de reconstruction», a annoncé la médiation égyptienne.

«Les deux parties ont accepté un nouvel appel de l'Égypte à un cessez-le-feu global et réciproque accompagné de l'ouverture simultanée des points de passage entre la bande de Gaza et Israël afin d'assurer l'entrée rapide de l'aide humanitaire, des secours et des moyens de reconstruction», lit-on dans un communiqué du ministère égyptien des Affaires étrangères.

L'accord permettra aussi «la pêche à partir de six milles marins et la poursuite des négociations indirectes (au Caire) entre les deux parties sur les autres sujets dans un délai d'un mois après le début du cessez-le-feu», selon ce texte.

Les Palestiniens ont annoncé, plus tôt mardi, un accord pour un cessez-le-feu permanent avec Israël au 50e jour d'une guerre qui a fait plus de 2000 morts dans la bande de Gaza.

Les hostilités, selon cet accord, devaient cesser à 19 h locales (midi, heure de Montréal), avait annoncé plus tôt à l'AFP un haut responsable palestinien sous le couvert de l'anonymat.

Le mouvement islamiste Hamas, qui a infligé à l'État hébreu ses plus lourdes pertes depuis 2006 avec 64 soldats tués, a aussitôt revendiqué la «victoire», tandis qu'un haut responsable affirmait que l'accord de cessez-le-feu prévoyait notamment «la levée du blocus de la bande de Gaza» mis en place par Israël en 2006, la principale exigence des Palestiniens depuis le début des négociations.

L'accord mettra un terme à 50 jours de violence et plusieurs semaines de négociations, entrecoupées de trêves temporaires régulièrement rompues. Le dernier cessez-le-feu avait ainsi tourné court au bout de neuf jours : il y a une semaine, les violences ont repris de plus belle, tuant 119 Palestiniens et un enfant israélien, le quatrième civil tué en territoire israélien depuis le début de la guerre le 8 juillet.

Depuis cette date, 2138 Palestiniens ont été tués, dont un quart d'enfants, et 68 Israéliens.

Les responsables israéliens, qui ont toujours martelé qu'ils ne négocieraient pas «sous les bombes», n'ont pas encore réagi à l'annonce palestinienne qui doit encore être officialisée.

Le Hamas a dit attendre «une annonce officielle du Caire», où se déroulent les négociations indirectes entre Israël et les Palestiniens, tandis que le président palestinien Mahmoud Abbas devrait annoncer les détails de l'accord à l'ouverture d'une réunion de la direction palestinienne à Ramallah, en Cisjordanie, à 16 h GMT (midi à Montréal).

Menant de front plusieurs batailles diplomatiques, M. Abbas pourrait également à cette occasion donner plus de détails sur l'initiative des Palestiniens qui se préparent à exiger que la communauté internationale fixe une date butoir pour la fin de l'occupation israélienne des Territoires palestiniens.

Si leur exigence n'était pas entendue, alors, disent-ils, ils adhéreront à la Cour pénale internationale (CPI) ce qui leur permettrait de poursuivre des responsables israéliens sur le déroulement des opérations dans la bande de Gaza. Une démarche qualifiée de «missile diplomatique» par un ministre israélien.

Sur le terrain toutefois, au moment même où ces annonces étaient faites, des roquettes palestiniennes s'abattaient sur l'État hébreu tandis que les drones israéliens poursuivaient leurs raids meurtriers, tuant sept Palestiniens. Deux d'entre eux ont été mortellement touchés par des tirs de chars israéliens postés en bordure de Gaza.

«Vengeance inacceptable»

L'aviation vise depuis trois jours de nouvelles cibles dans l'étroite langue de terre surpeuplée bordant la Méditerranée : ses appareils écrasent désormais sous les bombes les immeubles les plus hauts de Gaza.

Mardi, deux bâtiments de 14 et 16 étages - comptant des dizaines d'appartements résidentiels et autant de familles - ont ainsi été réduits à des tas de débris après avoir été touchés par plus d'une dizaine de missiles.

À l'aube, 25 personnes ont été blessées, dont quatre secouristes et un journaliste local, selon les secours palestiniens, quand le premier bâtiment de 16 étages s'est effondré. L'armée israélienne avait auparavant appelé les habitants à le quitter «immédiatement, car elle allait le bombarder», a rapporté un résidant du quartier.

«Ils ont tous couru dans la rue pour s'abriter», a-t-il précisé à l'AFP. Les six bombes ont emporté 60 appartements, un centre commercial et des dizaines de magasins dans cette tour.

Un peu plus tard, un immeuble résidentiel abritant le siège de la radio du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), le principal mouvement de la gauche, Sawt al-Chaab (La voix du peuple, en arabe) a été en grande partie détruit. Ce raid a fait 15 blessés, selon les secours.

Le Hamas a dénoncé ces destructions, y voyant «un crime de guerre et une vengeance inacceptable d'Israël envers les Gazaouis pour les intimider».

Sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a affirmé avoir répondu à ces destructions par «un tir sur Haïfa (dans le nord d'Israël) et quatre tirs sur Tel-Aviv». Des tirs qui n'ont pas atteint ces villes, a assuré l'armée israélienne, qui a toutefois fait état de 18 roquettes tombées sur les villes bordant Gaza. L'une d'elles a légèrement blessé 21 personnes en frappant une maison à Ashkelon.

L'armée a dit avoir visé des «centres de contrôle du Hamas» ainsi que deux écoles d'où «des tirs vers Israël» étaient partis, selon elle.

Un Israélien tué

Un Israélien a été tué mardi par un obus de mortier tiré de la bande de Gaza en direction de la région d'Eshkol, limitrophe du territoire palestinien, selon des sources sécuritaires. Deux autres personnes ont été grièvement blessées par ce tir d'obus, selon cette source.

Par ailleurs, dans le nord de la Cisjordanie occupée, l'armée israélienne a arrêté 13 membres du FPLP.