L'armée israélienne a soumis la bande de Gaza à un pilonnage intensif samedi tuant dix Palestiniens, dont trois enfants et quatre femmes, tandis que l'Égypte lançait un appel à reprendre les négociations.

L'armée israélienne a indiqué avoir mené 60 frappes dans le territoire déjà dévasté, au lendemain de la mort du premier enfant israélien tué par la guerre.

«Le Hamas paiera cher cette attaque», avait prévenu le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu après la mort de cet enfant tué par un obus tiré de la bande de Gaza.

Effectivement, le territoire et la ville de Gaza elle-même ont retenti d'explosions successives pulvérisant des immeubles et forçant les Gazaouis à des courses affolées devant des frappes venues du ciel et semblant pouvoir tomber partout, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Au même moment, l'Égypte, médiateur historique, a appelé Israéliens et Palestiniens à accepter un cessez-le-feu et à reprendre les négociations qu'ils ont rompues mardi.

L'une des frappes a atteint avant l'aube une maison d'Al-Zawayda, près du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza.

Cinq membres d'une même famille, deux enfants de trois et quatre ans, leurs parents et une proche, ont péri, selon les secours à l'hôpital Al-Aqsa de Deir al-Balah.

«Leur maison avait déjà été visée auparavant», selon Souleimane Abou Dahror, un parent. «Mais ils n'avaient nulle part ailleurs où aller. Alors ils sont revenus. Et ils ont été frappés une seconde fois», dit-il tandis que des centaines de personnes enterraient les morts d'Al-Zawayda à mains nues dans le sable.

Un homme de 64 ans, un enfant de 12 ans, sa mère de 38 ans et une femme de 43 ans ont été tués dans des raids au sud de la ville de Gaza et à Deir al-Balah.

Un autre raid a détruit une voiture dans la ville de Gaza, faisant un mort et 11 blessés, selon des médecins.

Au coeur de la ville de Gaza, un immeuble de douze étages a été rasé par une frappe israélienne, faisant 18 blessés, dont 10 enfants, selon les services de secours. Ses habitants avaient été appelés à évacuer dix minutes avant l'attaque.

«Prenez garde»

Israël vise non seulement les lieux d'où partent les roquettes tirées contre son territoire, mais aussi les habitations de membres du Hamas. Il impute au Hamas la faute des dommages humains collatéraux.

Soixante-et-onze tirs de roquettes et d'obus de mortiers palestiniens ont atteint samedi Israël sans faire de victime, et 17 autres roquettes lancées de la bande de Gaza ont été interceptées, dont une au-dessus de Tel-Aviv, a décompté l'armée israélienne.

Par ailleurs, dans la soirée, l'armée israélienne a annoncé qu'une roquette tirée du Liban avait touché le nord d'Israël, sans faire état ni de dégât ni de victime dans l'immédiat.

En même temps qu'elle bombardait la bande de Gaza, l'armée a diffusé, par tracts, appels téléphoniques et SMS, un message signifiant aux Gazaouis de se tenir à distance des «terroristes» du Hamas.

La moindre maison suspecte «sera prise pour cible (...) La campagne des forces armées d'Israël n'est pas terminée. Prenez garde», disent les tracts israéliens.

Au moins 2103 personnes ont été tuées côté palestinien et 68, dont 64 soldats et quatre civils, côté israélien depuis le début le 8 juillet de l'opération israélienne «Bordure protectrice».

Au moins 480 enfants âgés de 10 jours à 17 ans ont été tués et 70,73% des victimes des combats seraient des civils, a indiqué l'Unicef, agence onusienne d'aide aux enfants.

Palestiniens et Israéliens ont repris les hostilités mardi après un cessez-le-feu de neuf jours. Des négociations indirectes menées au Caire par l'entremise des Égyptiens pour transformer le cessez-le-feu en trêve durable se sont soldées par un échec.

Stopper l'effusion de sang

L'incertitude reste totale sur l'évolution du conflit. Mais les consultations diplomatiques se poursuivent.

L'Égypte, grand voisin d'Israël et de la bande de Gaza et un des deux seuls pays arabes à avoir un accord de paix avec l'État hébreu, a invité Palestiniens et Israéliens à reprendre les discussions, a déclaré le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

«Ce qui nous intéresse maintenant c'est de mettre fin à l'effusion de sang», a dit M. Abbas. «Quand cette trêve sera entrée en vigueur, les parties pourront s'asseoir et discuter de leurs demandes».

Le Hamas est «pour tout accord ou tout effort sérieux qui réponde aux exigences palestiniennes. On discutera de toute proposition faite», a déclaré un porte-parole du mouvement à Gaza, Sami Abou Zouhri.

S'exprimant devant des responsables dans le sud d'Israël, le ministre israélien de la Défense Moshe Yaalon a laissé entendre qu'Israël n'écartait pas une reprise des discussions.

«Je suis convaincu que l'autre partie est dans une situation où elle a plus besoin d'un cessez-le-feu que nous. Nous devons mener les choses de manière diplomatique (...) vers un point où nous parviendrons au calme et à la sécurité pour une période plus longue», a-t-il déclaré.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu s'est entretenu pour sa part par téléphone avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon qui a affirmé, selon ses services, «la nécessité de revenir à un cessez-le-feu sous les auspices égyptiens».

M. Netanyahu a de nouveau comparé le Hamas à l'État islamique qui a proclamé un califat entre la Syrie et l'Irak et vient d'exécuter le journaliste américain James Foley. «Le monde entier a pu voir hier le Hamas conduire des exécutions de masse comme l'EIIL», rebaptisé État islamique, a-t-il dit selon ses services.

Le Hamas a procédé vendredi à une série d'éliminations sommaires de Palestiniens accusés de collaborer avec Israël.