Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a averti lundi qu'Israël se tenait prêt à toutes les éventualités et frapperait «avec force» en cas de reprise des tirs de roquettes palestiniens, peu avant l'expiration d'un cessez-le-feu à Gaza.

«Nous sommes prêts à tous les scénarios (...) L'armée est prête à frapper avec force si les tirs reprennent», a-t-il déclaré au cours d'une réunion avec son ministre de la Défense Moshé Yaalon à Ashdod, dans le sud d'Israël, selon un communiqué.

L'offensive, lancée par Israël sur la bande de Gaza le 8 juillet, «continuera jusqu'à ce que son objectif ait été atteint», à savoir «ramener le calme et la sécurité» en Israël, a ajouté M. Nétanyahou.

Au Caire, les négociateurs israéliens et palestiniens n'ont plus que quelques heures pour essayer de s'entendre avant lundi minuit sur une prolongation du cessez-le-feu observé dans la bande de Gaza depuis le 11 août.

Israéliens et Palestiniens devaient reprendre vers midi les discussions indirectes engagées la veille avec l'entremise des Égyptiens.

Il s'agit pour les deux ennemis, Israël et le Hamas, qui négocient au Caire au sein d'une délégation comprenant également d'autres organisations palestiniennes, d'essayer de transformer en trêve permanente le cessez-le-feu observé depuis le 11 août au matin.

Israéliens et Palestiniens forment des exigences aussi apparemment inconciliables que la démilitarisation du territoire pour les premiers, la levée du blocus israélien pour les seconds.

Les autorités sanitaires de la bande de Gaza ont rappelé l'un des enjeux majeurs des discussions en annonçant que le bilan humain de l'opération «Bordure protectrice» lancée par Israël le 8 juillet dépassait désormais les 2000 morts palestiniens.

Même si les combats ont cessé depuis le 11 août, des Palestiniens continuent à succomber à leurs blessures dans la bande de Gaza ou à l'extérieur, d'autres à être sortis des décombres.

Mises en garde d'Israël et du Hamas

Ce sont donc 2016 Palestiniens qui ont été tués; 541 sont des enfants et 250 des femmes; 10 196 ont été blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

La guerre a tué 64 soldats et trois civils côté israélien.

La plus grande incertitude règne sur la faculté des délégués palestiniens et israéliens à s'accorder au Caire sur une trêve prolongée. La reprise des discussions dimanche a été accompagnée de part et d'autre de nouvelles mises en garde combatives.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a rappelé dimanche l'exigence primordiale d'Israël: le rétablissement de sa sécurité. «Tant que le calme ne sera pas rétabli, le Hamas continuera à souffrir». Il n'y aura d'accord que si les Israéliens obtiennent une réponse claire à leurs exigences de sécurité, a-t-il prévenu.

Le Hamas, pour sa part, continue à brandir la menace de reprise des hostilités en cas d'échec des négociations. Il persiste à faire de la levée du blocus israélien la condition sine qua non d'un éventuel accord.

Le Hamas, l'organisation islamiste qui contrôle la bande de Gaza, s'inscrit au Caire dans une délégation qui comprend le Djihad islamique et le Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Un échec des négociations ne signifierait pas nécessairement une reprise immédiate des hostilités. L'idée d'une cessation de fait des combats sans accord de cessez-le-feu est dans l'air depuis quelque temps en Israël.

Trafic ferroviaire interrompu

Le ministère israélien de la Défense a quand même pris les devants en ordonnant d'interrompre jusqu'à nouvel ordre le trafic ferroviaire entre Ashkelon et Sderot, deux villes du sud proches de la bande de Gaza de crainte d'attaques palestiniennes à la roquette, après, voire avant l'expiration de la trêve.

Israël a aussi commencé à prendre des mesures unilatérales, comme devançant un échec des pourparlers.

Il a ainsi annoncé dimanche avoir autorisé les pêcheurs de Gaza à reprendre leur activité, interrompue depuis le début du conflit, jusqu'à trois miles nautiques au large de Gaza. Différents responsables évoquaient aussi l'acheminement d'aide humanitaire à Gaza, avec ou sans accord.

«Nous n'avons pas besoin du Hamas pour assurer les besoins humanitaires de la bande de Gaza», a dit à la radio publique Naftali Bennett, ministre de l'Économie, membre du cabinet de sécurité et chef du Foyer Juif, un parti nationaliste religieux.

Abbas à Doha

«Il faut arrêter les négociations avec le Hamas et prendre notre destin en mains», a-t-il dit en soulignant que l'absence d'accord permettrait à Israël de frapper, si besoin est, les dirigeants du Hamas comme le chef militaire Mohammed Deïf, les centres de production de roquettes ou les tunnels de l'organisation.

La tâche des négociateurs est compliquée par la multiplicité des acteurs palestiniens.

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas devait se rendre à Doha pour y rencontrer mardi le chef du Hamas en exil Khaled Mechaal ainsi que cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, l'émir du Qatar, allié crucial du Hamas.

Les différentes informations filtrant du Caire font état de discussions, au-delà du cessez-le-feu, sur: l'ouverture plus large des postes frontières israéliens au trafic des biens et des personnes; la réouverture du point de passage de Rafah avec l'Égypte; le rôle dévolu à l'Autorité palestinienne et à une supervision internationale aux frontières; une extension des zones de pêche des Gazaouis; une réduction de la zone tampon à la frontière avec Israël; les modalités de transferts d'argent.

Des sujets aussi épineux que l'ouverture d'un port et d'un aéroport à laquelle les Israéliens sont opposés, ou la restitution des corps de deux soldats israéliens morts en échange de la libération de détenus palestiniens pourraient être remis à plus tard.