Le compte à rebours était lancé dans la bande de Gaza jeudi, dernier jour d'un cessez-le-feu qu'Israël a accepté de prolonger, mais sur lequel le Hamas faisait attendre sa décision.

Israéliens et Palestiniens ont eu au Caire de nouvelles et intenses discussions par l'intermédiaire des Égyptiens pour que le cessez-le-feu entré en vigueur mardi et censé expirer vendredi matin à 8H00 se transforme en trêve durable.

La délégation israélienne est rentrée au pays jeudi après-midi, a indiqué un responsable à l'AFP, sans que l'on connaisse la signification de ce retour.

À Gaza même, des centaines de Palestiniens sont descendus dans la rue à l'appel du Hamas pour revendiquer la victoire militaire, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Nous avons remporté la victoire sur le champ de bataille et, avec la permission de Dieu, nous allons remporter la victoire sur le terrain politique», a lancé le député Mushir al-Masri, l'un des orateurs haranguant les manifestants du haut d'une tribune devant un immense drapeau palestinien.

«Résistance, résistance, résistance», a scandé la foule en retour, des hommes pour la grande majorité, venus avec des enfants revêtus d'uniformes et brandissant des armes en plastique.

«Coupés du monde»

Malgré la menace d'expiration de la trêve, la vie des Gazaouis renouait avec un semblant de normalité, avec ses embouteillages et ses magasins ouverts. Mais le spectacle d'hommes passant la nuit dans des abris de fortune sur les ruines de leur maison rappelait l'épreuve endurée.

À la veille d'une journée cruciale, le président américain Barack Obama a mis son poids dans la balance en exhortant les négociateurs dépêchés au Caire à s'entendre. Il a implicitement pressé Israël, dont les États-Unis sont le principal allié, d'accepter de lever le blocus imposé depuis 2006 à la bande de Gaza et de répondre ainsi à une attente primordiale des Palestiniens: les Gazaouis ne peuvent vivre continuellement «coupés du monde», a-t-il dit.

Les Européens se sont également mis de la partie en soumettant des propositions censées répondre aux exigences des belligérants: la sécurité pour les Israéliens, la levée du blocus pour les Palestiniens.

Les armes se sont tues mardi matin dans la bande de Gaza ravagée par presque un mois de guerre déclenchée le 8 juillet par Israël pour faire cesser les tirs de roquettes contre son territoire et détruire le réseau de tunnels servant au Hamas à s'infiltrer en Israël.

73% de victimes civiles

L'opération «Bordure protectrice» a tué 1.886 Palestiniens, dont 430 enfants et adolescents, selon le ministère palestinien de la Santé. Selon l'Unicef, 73% des victimes sont des civils.

Les frappes sur trois écoles de l'ONU ont soulevé l'indignation internationale.

Côté israélien, 64 soldats et trois civils ont péri.

La guerre a aussi mis au tapis l'économie d'un territoire exigu de 41 kilomètres de long sur 12 kilomètres de large au maximum, sur lequel 1,8 million de personnes coincées entre Israël, l'Égypte et la Méditerranée tentent de survivre à un blocus imposé depuis 2006 par l'État hébreu.

Israéliens et Palestiniens du Hamas, mais aussi de son allié du Jihad islamique et de l'Autorité palestinienne ont dépêché au Caire des délégations chargées de s'entendre par l'intermédiaire des Égyptiens pour faire durer la trêve.

Israël, soucieux de dicter ses termes aux négociations et de ne pas paraître céder aux revendications du Hamas, a dit dès mercredi soir accepter une prolongation illimitée du cessez-le-feu, sous réserve qu'elle ne soit assortie d'aucune condition.

«Manoeuvre d'extorsion»

La délégation palestinienne réfléchira à une prolongation de la trêve «le moment venu, mais cela dépend de la façon dont les négociations se déroulent», a dit un de ses membres.

«La journée d'aujourd'hui (jeudi) s'annonce cruciale», a-t-il ajouté, «sans réponse israélienne à l'initiative égyptienne, qui contient les exigences palestiniennes, plusieurs options sont possibles».

Le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a qualifié le refus d'engagement du Hamas de «manoeuvre d'extorsion» qu'Israël va «prendre en compte» tout en se tenant «prêt à toute éventualité».

Allemands, Britanniques et Français ont présenté mercredi une initiative aux Israéliens, aux Palestiniens, aux Égyptiens et aux Américains, a indiqué une source diplomatique.

Selon cette source, les Européens proposent que les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne reprennent la responsabilité des frontières de Gaza. Elles empêcheraient la construction de tunnels du Hamas, qui sont l'une des principales causes de la guerre, et entraveraient le réarmement des forces radicales.

Les points de passage vers l'Égypte et Israël seraient rouverts, peut-être progressivement. Un nouveau port serait construit à Gaza.

Trouver les «formules» pour la paix

L'idée de cette contribution est d'offrir une perspective économique à Gaza, de renforcer l'Autorité palestinienne et d'affaiblir les forces extrémistes, donc le Hamas.

Pour le président américain, les Palestiniens ordinaires qui vivent dans le territoire contrôlé par le Hamas «ont besoin d'espoir».

Il doit y avoir «une reconnaissance du fait que Gaza ne peut pas subvenir à ses besoins en étant coupée du monde, sans pouvoir donner une chance, des emplois, de la croissance, à sa population», a-t-il dit.

M. Obama estime qu'il existe des «formules» pour concilier les intérêts israéliens et palestiniens. Mais «elles vont exiger de la part des responsables qu'ils prennent des risques», a-t-il dit dans des propos clairement destinés au premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.