La bande de Gaza dévastée a connu un répit significatif, mais bref lundi: l'armée israélienne a annoncé la reprise de ses opérations, après une trêve unilatérale de sept heures et malgré une réprobation internationale de plus en plus ferme.

Les tensions créées par la guerre ont rejailli simultanément à Jérusalem même, théâtre d'un premier attentat mortel depuis plus de trois ans et de violences dans plusieurs quartiers.

Un jeune Palestinien à bord d'une pelleteuse a percuté et retourné un bus à la mi-journée. Un juif orthodoxe a été tué par cet acte qualifié de «terroriste» par la police. L'auteur des faits a été abattu.

La bande de Gaza elle-même est restée relativement calme et les avions israéliens ont disparu du ciel pendant plusieurs heures à la faveur d'une trêve dite «humanitaire» décrétée par Israël et récusée par son ennemi, le Hamas, rapportaient les correspondants de l'AFP sur place.

Mais les hostilités israéliennes ont repris à l'expiration de la trêve (17h locales).

«La campagne à Gaza se poursuit (... elle) ne prendra fin que quand les citoyens d'Israël auront recouvré le calme et la sécurité de manière prolongée», a affirmé le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, faisant fi des critiques et des appels pressants au cessez-le-feu.

Les explosions ont effectivement repris dans les alentours de la ville de Gaza, a rapporté un correspondant de l'AFP.

Plus au sud, à Rafah, deux enfants et une infirmière sur le chemin de l'hôpital ont été tués, selon les secours.

Plus de 1850 Palestiniens sont morts dans l'enclave depuis le 8 juillet et le début de l'opération israélienne «Bordure protectrice» destinée à faire cesser les tirs de roquettes lancées de la bande de Gaza et à détruire les tunnels permettant aux combattants palestiniens de porter le danger sur le sol israélien.

La guerre a tué 64 soldats et trois civils côté israélien.

Le Hamas poursuit ses tirs de roquettes

Avec la pause observée par l'armée israélienne dans son pilonnage, la journée de lundi devrait être moins meurtrière que les autres. En début de soirée, 23 Palestiniens avaient été tués selon les secours locaux, alors que plusieurs dizaines de personnes meurent chaque jour depuis le début de l'offensive.

La trêve semblait pourtant aussi mal engagée que toutes les précédentes qui ont volé en éclats.

Trois personnes, dont une fillette de 8 ans, avaient trouvé la mort quelques minutes seulement après son entrée en vigueur, quand un projectile est tombé sur un bâtiment de Shati, dans l'ouest de la ville de Gaza, selon les secours palestiniens.

Plusieurs témoins et correspondants de l'AFP ont indiqué avoir entendu un missile qui provenait d'un avion ne pouvant a priori qu'être israélien et qui s'est écrasé sur le bâtiment de trois étages.

«Il n'y a pas de trêve. Comment pourrait-il y avoir de trêve? Ce sont des menteurs, ils ne respectent pas leurs engagements», rageait Ayman Mahmoud, un voisin, dans le fatras de béton laissé par l'explosion.

L'organisation islamiste du Hamas n'a pas observé la trêve. Selon l'armée israélienne, elle et ses alliés ont lancé 42 roquettes, dont 24 ont atteint le sol israélien sans faire de victime.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a reconnu le droit «total» d'Israël à se défendre. «Mais ce droit ne justifie pas qu'on tue des enfants et qu'on massacre des civils», a-t-il dit.

«Combien de morts faudra-t-il encore pour que s'arrête ce qu'il faut bien appeler le carnage de Gaza ?», a-t-il encore demandé. Le président français François Hollande a parlé quant à lui de «massacres».

M. Fabius est allé jusqu'à «exiger» l'instauration d'un cessez-le-feu tel que proposé par l'Égypte, et préconiser que la communauté internationale «impose» la solution politique de deux États israélien et palestinien vivant côte à côte.

Émoi international

Devant l'ampleur des souffrances endurées par les 1,8 million de Gazaouis prisonniers de la guerre sur un tout petit territoire, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a joint sa voix à toutes celles ayant réclamé un cessez-le-feu.

L'émoi international s'est accru après la troisième frappe sur une école de l'ONU à Rafah en dix jours. Au moins dix Palestiniens y ont été tués dimanche.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a dénoncé un «acte criminel», et même les États-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits «consternés» par un «bombardement honteux».

Parallèlement, l'armée israélienne a entrepris un début de retrait de ses troupes au sol, sans que l'on sache si ce redéploiement est le prélude à un retrait total d'un territoire qui reste de toute façon à portée d'avions et de canons.

L'armée israélienne a toutefois effectué un important repli de forces et de moyens de l'intérieur de la bande de Gaza vers l'extérieur, a observé un photographe de l'AFP près de la frontière.

L'offensive israélienne semble entrer dans une nouvelle phase, Israël se disant tout proche d'avoir atteint ses objectifs en ce qui concerne les tunnels.

«Nous poursuivons le redéploiement dans la bande de Gaza, même s'il y a bien des forces qui sortent de Gaza», a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée Peter Lerner.

Après l'éclatement vendredi du seul cessez-le-feu accepté aussi bien par Israël que par le Hamas, Israël a signifié qu'il cesserait les hostilités comme il lui conviendrait, sans faire de concession à une organisation aussi peu digne de confiance que le Hamas.

L'Égypte, où se trouvait une délégation palestinienne comprenant le Hamas, poursuivait cependant ses efforts pour un cessez-le-feu de 72 heures à partir de mardi 8h (1h HAE), selon un responsable palestinien.

PHOTO GALI TIBBON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.