L'armée israélienne observe depuis lundi 10h00 (3h00, heure de Montréal) une trêve unilatérale qui s'annonce fragile dans la bande de Gaza dévastée.

Preuve de la volatilité de la situation, une fillette de 8 ans a été tuée et une trentaine de personnes blessées quelques minutes après l'entrée en vigueur de la trêve quand un projectile est tombé sur une maison de Shati, dans l'ouest de la ville de Gaza, selon les secours palestiniens.

Ces derniers imputent la frappe à un raid aérien israélien, malgré la «fenêtre humanitaire» annoncée par l'armée israélienne dans les toutes premières heures du 28e jour de guerre.

La trêve a été récusée par le Hamas. Elle ne s'applique pas aux secteurs dans lesquels des opérations militaires sont en cours, à commencer par l'est de la ville de Rafah, sur laquelle s'est concentrée une action israélienne meurtrière depuis la mort de trois soldats vendredi, a prévenu l'armée.

Celle-ci se réserve aussi de «riposter à toute tentative d'exploitation de cette fenêtre pour nuire aux civils israéliens et aux soldats», a-t-elle averti.

Il s'agit de la huitième trêve de la part d'Israël, indique-t-on au cabinet du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Elle intervient au moment où Israël fait à nouveau face à l'indignation internationale après un tir qui a tué au moins dix Palestiniens dans une école de l'ONU à Rafah dimanche.

Scepticisme à Gaza

Elle survient aussi alors que l'armée israélienne a entrepris un début de retrait de ses troupes au sol, sans que l'on sache si ce redéploiement prélude à un retrait total de ces troupes au sol d'un territoire qui reste de toute façon à portée d'avions et de canons.

Toutes les trêves précédentes ont volé en éclats, dont la dernière en date vendredi, la seule acceptée à la fois par Israël et le Hamas. Elle a tenu deux heures avant un nouveau bain de sang.

Pour le Hamas, ce «cessez-le-feu unilatéral (...) n'est qu'une tentative de la part d'Israël de détourner l'attention des massacres qu'il commet», a dit un porte-parole, Sami Abou Zouhri.

Le Jihad islamique, allié du Hamas, pourrait quant à lui être tenté par les représailles après avoir annoncé dans la nuit la mort d'un de ses commandants, Danyan Mansour, à Jabaliya.

Les habitants de Gaza étaient les premiers à se montrer sceptiques, rapportait un journaliste sur place. Dix Palestiniens ont encore été tués lundi avant l'entrée en vigueur de la trêve, selon les services de secours.

La trêve a été précédée lundi matin de 23 raids aériens sur la bande de Gaza d'où des tirs de roquettes continuaient vers Israël, a indiqué un porte-parole de l'armée.

«Ce sont nos frères, nos enfants qui sont morts», entendait-on parmi les dizaines d'hommes qui se massaient lundi matin à la morgue de l'hôpital Kamal Adwan à Gaza.

«Un acte criminel»

Selon les secours locaux, 1822 personnes au moins sont mortes côté palestinien depuis le début des hostilités le 8 juillet. Soixante-quatre soldats et trois civils ont été tués côté israélien.

Israël fait à nouveau face à l'émoi d'une partie de la communauté internationale après la frappe sur une école de Rafah gérée par l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) transformée en centre d'accueil pour réfugiés.

C'était la 3e fois en 10 jours qu'une école de l'ONU était atteinte. Les deux dernières frappes à Beit Hanoun et Jabaliya (nord) avaient fait une trentaine de morts.

La responsabilité de cette dernière frappe n'a pas été formellement établie. L'armée israélienne a cependant reconnu avoir «pris pour cible trois terroristes du Jihad islamique montés sur une moto à proximité d'une école de l'UNRWA à Rafah» et a dit enquêter sur les conséquences qu'aurait eues ce tir.

Dans un communiqué, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a déclaré que, contrairement aux miliciens islamistes du Hamas, qui ont tiré ces dernières semaines des milliers de roquettes visant des civils israéliens, Israël ne cible pas de civils palestiniens.

«C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel», s'est indigné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Les États-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits «consternés» par un «bombardement honteux».

Sans désigner expressément Israël comme responsable, M. Ban et Washington ont souligné que l'armée était très bien informée de la localisation des refuges de l'ONU.

Une nouvelle phase ?

Les Israéliens accusent le Hamas de se servir des civils comme boucliers humains et des hôpitaux et des écoles pour tirer des roquettes sur Israël.

Mais même cela «ne justifie pas des raids qui mettent en danger autant de vies de civils innocents», a dit le département d'État américain tandis que les appels au cessez-le-feu d'une communauté internationale jusqu'alors impuissante se faisaient plus pressants devant l'ampleur du drame humain en cours sur un territoire où 1,8 million de personnes sont prisonnières de la guerre.

Le premier ministre israélien a encore affiché samedi sa détermination à poursuivre l'opération lancée pour tenter de faire cesser les tirs de roquettes et détruire les tunnels permettant au Hamas d'intervenir sur le sol israélien.

Mais cette campagne militaire dénommée «Bordure protectrice» semble en train d'entrer dans une nouvelle phase, Israël se disant tout proche d'avoir atteint ses objectifs en ce qui concerne les tunnels.