Israël a annoncé une trêve «humanitaire» de sept heures lundi sur la majorité du territoire de Gaza alors que l'État hébreu faisait à nouveau face à l'indignation après une frappe qui a tué au moins 10 Palestiniens dans une école de l'ONU.

Le tir est intervenu alors même qu'Israël opérait un début de retrait unilatéral de ses troupes au sol dans la bande de Gaza.

Dans un communiqué de l'armée diffusé au 28e jour de son conflit avec le Hamas, Israël a annoncé s'abstenir lundi de tout tir pendant sept heures de «fenêtre humanitaire».

Le cessez-le-feu interviendra entre 03h00 et 10h00 sauf sur la partie située à l'est de la ville de Rafah, au sud de l'enclave, «où des affrontements sont encore en cours et où est maintenue une présence militaire israélienne», précise le texte.

Dimanche soir, la responsabilité de la frappe intervenue à Rafah, qui a soulevé la plus vive émotion, n'avait pas été formellement établie. L'armée israélienne a déclaré avoir «pris pour cible trois terroristes du Jihad islamique montés sur une moto à proximité d'une école de l'UNRWA à Rafah», la ville du sud du territoire soumise depuis vendredi à un pilonnage intensif.

Dans un communiqué publié dans les premières heures lundi, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a déclaré que contrairement aux miliciens islamistes du Hamas, qui ont tiré ces dernières semaines des milliers de roquettes visant des civils israéliens, Israël ne cible pas de civils palestiniens.

Dimanche, 71 personnes ont encore péri dans le seul secteur de Rafah, selon les secours locaux.

Les services de secours palestiniens ont aussi fait état de la mort dimanche soir d'au moins sept personnes dans un raid aérien israélien dans le nord de la bande de Gaza.

Mais c'est la frappe contre l'école gérée par l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) transformée en centre d'accueil pour environ 3000 réfugiés qui a provoqué une émotion générale.

C'est la 3e fois en 10 jours qu'une école de l'ONU est atteinte. Une trentaine de Palestiniens ont déjà été tués dans des frappes sur des écoles à Beit Hanoun le 24 juillet et à Jabaliya le 31 juillet.

Scènes de chaos 

«C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel», ainsi qu'une «nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international», s'est indigné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Les États-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits «consternés» par un «bombardement honteux».

M. Ban et Washington n'ont pas désigné expressément Israël comme responsable. Mais ils ont souligné que l'armée israélienne était très bien informée de la localisation des refuges de l'ONU.

Le président français François Hollande a jugé «inadmissible» le bombardement de cette école et demandé que les responsables de cette action, qu'il n'a pas désignés, «répondent de leurs actes».

Un correspondant de l'AFP a rapporté des scènes de chaos, les secouristes se démenant comme ils pouvaient pour évacuer les blessés, au milieu de Gazaouis courant hors d'haleine dans les mares de sang avec des enfants dans les bras.

Prises par les photographes de l'AFP à la morgue, les images de bébés morts ou de proches pleurant les neuf membres de la famille al-Ghul décimée par une frappe sur leur maison rendent compte du sort subi depuis vendredi par la population de Rafah.

Les Palestiniens accusent les Israéliens, qui accusent à leur tour le Hamas de se servir des civils comme boucliers humains et des hôpitaux et des écoles pour tirer des roquettes sur Israël.

Mais même cela «ne justifie pas des raids qui mettent en danger autant de vies de civils innocents», a dit le département d'État américain.

«Cette folie doit cesser» 

Selon des sources médicales, la guerre a tué environ 1800 Palestiniens. Côté israélien, 64 soldats et trois civils ont été tués.

«Cette folie doit cesser», a dit le secrétaire général de l'ONU tandis que les appels au cessez-le-feu d'une communauté internationale jusqu'alors impuissante se faisaient plus pressants.

Israël poursuit cependant l'opération «Bordure protectrice», déclenchée le 8 juillet pour tenter de faire cesser les tirs de roquettes et détruire les tunnels permettant au Hamas d'intervenir sur le sol israélien.

Mais l'armée israélienne a confirmé pour la première fois officiellement dimanche avoir entrepris de retirer un certain nombre de soldats, sans préciser combien, tandis qu'elle en redéployait d'autres à l'intérieur de la bande de Gaza.

«Nous en retirons certains, nous en changeons certains (de position) à l'intérieur (du territoire), cette mission est en cours», a dit à l'AFP le porte-parole de l'armée, Peter Lerner.

Une centaine de chars auprès desquels des soldats s'affairaient ou prenaient du repos stationnaient dimanche côté israélien après avoir franchi la frontière de Gaza qu'ils avaient passée dans l'autre sens le 17 juillet, quand l'armée avait mis en oeuvre la phase terrestre de «Bordure protectrice».

Sans parler de début de retrait, M. Nétanyahou avait laissé entendre samedi soir que l'opération allait entrer dans une nouvelle phase, maintenant que l'armée avait presque achevé son entreprise de démolition des tunnels.

Cette partie de l'opération sera terminée «probablement au cours des prochaines 24 heures», a assuré M. Lerner. Mais «la mission se poursuit, elle n'est pas terminée», a-t-il répété, précisant juste: «On change de braquet».

Une «catastrophe sanitaire de grande ampleur» est pourtant en train de se produire dans la bande de Gaza, dont les 1,8 million d'habitants sont pris au piège des combats sur un tout petit territoire, s'est alarmée l'ONU.

La situation à Gaza est devenue «intolérable» pour la population civile, a abondé le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond. M. Hammond, mais aussi l'Union européenne et la Chine ont demandé aux deux belligérants un arrêt immédiat des combats.